National Institute of Informatics - Digital Silk Road Project
Digital Archive of Toyo Bunko Rare Books

PREMIÈRE PARTIE

Documents provenant de la région de Touen-houang

Époque des Han

INTRODUCTION

La frontière du nord et du nord-ouest a été, presque jusqu'au XIXe siècle, la seule sur laquelle l'empire chinois eût ă se défendre contre des ennemis dangereux: les barbares du nord, nomades grands cavaliers et pillards avaient une organisation militaire et un armement qui valaient ceux des Chinois; ils les ont souvent battus, tantôt se contentant de razzias hâtives, tantôt s'emparant d'une province et s'y établissant en un état plus ou moins fort. Le moyen qui avait paru le meilleur pour se protéger au moins contre les surprises était la construction d'un système de fortifications: au cours du IVe siècle avant notre ère, la frontière nord du Golfe du Petchili au Fleuve Jaune fut défendue par des murailles que les principautés féodales de la région construisirent peu ă peu et que l'empereur Ts'in Che-houang, ayant unifié l'empire, fit réparer, compléter et renforcer vers la fin du IIIe siècle avant notre ère. Ce genre de fortification apparaissait alors si bien comme la meilleure protection contre les barbares qu'en 127 a.C. l'empereur Wou, après la conquête de l'Ordos, y fit élever une muraille nouvelle qu'il fit prolonger encore vers l'ouest entre 121 et 1 o8 a.C. pour couvrir le Kan-sou actuel après l'occupation de cette région.

C'est de la partie la plus occidentale des fortifications du Kan-sou que proviennent les documents de l'époque des Han trouvés par Sir Aurel Stein dans son expédition archéologique de 1913 à 1916 et publiés ci-dessous; les lieux fouillés prolongent vers l'ouest les fouilles de l'expédition de 1906 à 1908 dont les documents ont été publiés, il y a une vingtaine d'années, par Edouard Chavannes sous le titre de "Les Documents chinois découverts par Aurel Stein dans les sables du Turkestan oriental".

Chavannes a rassemblé dans l'Introduction de ce volume les renseignements généraux tirés tant des documents archéologiques que des textes littéraires sur la vie des garnisons de ce Limes chinois. Je n'y reviendrai pas, et me contenterai de compléter le tableau d'ensemble qu'il a brossé de main de maître au moyen de quelques indications de détail sur l'administration civile et militaire de la région, nécessaires ă l'intelligence des documents nouveaux rapportés par Sir Aurel Stein et publiés ici.

Tous les documents de l'époque des Han sont des fiches de bois provenant de la commanderie de Touen-houang k 85, sauf un tout petit nombre qui viennent de la commanderie de Tsieouts'ivan ? ; B5 qui lui est contiguë à l'est. Au point de vue de l'administration civile, la commanderie de Touen-houang était divisée à l'époque des Han en six sous-préfectures, hien tt , dont trois seulement sont localisées de façon exacte ou ă peu près exacte: