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Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.3 | |
1890-1895年の高地アジアにおける科学調査 : vol.3 |
LINGUISTIQUE. | 81 |
La plupart des chansons que j'ai entendues se trouvent dans,des livres connus comme Ahmed et Youçouf et la Légende de Machrab, le joyeux derviche, le plus étrange des saints du Turkestan et le plus selon le coeur du peuple. Espèce (le Diogène mâtiné de Rabelais — c'est du Rabelais de la légende qu'il s'agit — chemineau incorrigible, ne possédant que sa besace et son bâton, mendiant impudent, raillant et vitupérant sans peur les grands de ce monde, indulgent et secourable aux petits, tour à tour sage et fou, bambocheur et sérieux, ce Machrab mêle de la manière la plus bizarre dans ses actes et ses discours les louanges du bon Dieu, les dévotions et les retraites austères avec les tours les plus pendables, les farces et les bouffonneries les plus saugre nues. Un certain nombre des chansons dites populaires, quoique beaucoup de gens ne les comprennent pas, sont communes aux deux Turkestans, toutes celles qui sont venues â ma connaissance sont communes â toutes les villes du Turkestan oriental depuis Khotan jnsgn'â Tourfân et â Khouldja et c'est pourquoi je les ai retrouvées dans le recueil de chansons tarantchi publié en 1890 â Pétersbourg par M. Pantouçof. Les gens de Khotan assurent n'avoir point de chansons originales et que les ghazel nouveaux leur viennent d'Ahsou ou de Khouldja. Les Tarantchi passent en effet pour être de maîtres chansonniers, bien que leurs musiciens aient moins de réputation que ceux de Kâchgar.
Au reste ces ghazel n'offrent qu'un intérêt médiocre parce que les indigènes attachent peu d'importance aux paroles qui ne sont pour eux qu'un support pour la musique. Il importe seulement d'obtenir (133 phrases d'u n rythme rigoureusement déterminé ; les mots pa l'arrangement desquels on l'obtient sont de peu de conséquence. Chaque ghazel est composé de plusieurs distiques mis bout à bout, n'ayant à peu près aucun lien entre eux. La suite des idées est chose si insignifiante que les artistes chantent les couplets pêle-mêle comme ils leurs reviennent à la mémoire sans se soucier des coq-â-l'âne, de même qu'ils chantent des paroles tristes sur un air gai et inversement. L'air est déterminé non point par la nature des paroles, mais unique-
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