266 LES HORS CASTE.
Gazelles de Bénarès aurait gardé à la suite de leur disparition miraculeuse ('). C'est aussi sous la forme de religieux brahmaniques que nous pourrions, le cas échéant, les attendre sur nos sculptures M.
Enfin il n'est pas jusqu'au Buddha lui-même qui n'ait commencé par être, lui aussi , un tîrthya. On peut le considérer comme convaincu d'hérésie pendant les sept ans qui précédèrent l'illumination et où il cherchait le salut soit à l'école des brahmanes, soit dans la voie sans issue des macérations excessives. Les écritures pâlies donneraient à entendre qu'avant que ses yeux fussent dessillés, il n'aurait été après tout qu'une sorte d'Ajivaka(3). C'est aussi pourquoi nous l'avons vu passer sous l'aspect tout à fait insolite d'un ascète épuisé d'austérités (fig. 192c, 19 3 et 2 o o a) : et les fouilles de M. Spooner viennent de donner un pendant à l'image trouvée par le colonel Deane (fig. 439-11110). L'impression d'ensemble de ces statues est saisissante : à l'examen détaillé, leur anatomie présente un curieux mélange de fantaisie et de réalisme. Le créateur du type a dû travailler sinon d'après le modèle vivant, du moins d'après le frappant souvenir qu'il en avait gardé, soit qu'il ait vraiment eu sous les yeux un religieux émacié par les jeûnes, ou simplement un de ces squelettes ambulants comme on en rencontre encore de nos jours dans l'Inde en temps de famine. Aussi est-il bien difficile de
0) Lalita-vistara, éd. , p. 19 : trad. p. 20 (cf. t. I, p. 57-58).
(2) Tel est, comme on l'a vu plus haut, l'aspect du Tisi Asita et tel est encore sur la figure 438 celui du père du risi Ekaçringa. Quant à ce dernier, c'est en vain que nous réclamons depuis si longtemps son image à l'école (cf. t. I, p. 27o ). A la vérité Sir Aurel STEIN a cru un instant l'avoir retrouvé à Sahri-Bahlol figuré sous les traits d'un Jupiter tonnant et chargeant sur ses épaules la courtisane (A. S. I., Aran. Rep. 1911-12, pi. XLVIII, fig. 34 et p. 113-114). Le groupe a été complété depuis, et c'est bien à une femme
qu'appartiennent les mains passées sous le bras et sur la poitrine du personnage accroupi et légèrement renversé en arrière; mais il est apparu en même temps que ce dernier tient encore dans les débris de sa main gauche la moitié de ce qui dut être jadis un foudre, et ceci achève d'écarter une identification au premier abord très séduisante.
(3) Voir RHYS DAVIDS, Dialogues, part 1, p. 227, n. 1. — Cf. cette peinture du Turfan, qui, d'après M. le Professeur A. GRIiNWEDEL, représenterait Kle Buddha comme religieux brahmanique entouré d'ascètes» (klikutschari, p. 17 -172).
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