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0011 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 11 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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CHAPITRE IV

LES GRANDES INVASIONS

Assurément nul ne nous contestera le droit de commencer l'histoire de la vieille route terrestre de l'Inde par celle des grandes invasions qu'elle a vues passer : on sait trop, pour l'avoir entendu constamment répéter, que l'histoire ancienne de l'Inde est faite de celle de ses envahisseurs, et que — à de rares exceptions près (i) — ces derniers marchaient tous du Nord-Ouest au Sud-Est. A peine pourrons-nous marquer, au temps des premiers empereurs Mauryas, une tentative de réaction vite arrêtée dans le sens opposé. L'amour-propre des Indiens, de tout temps pointilleux, avait jadis essayé, sinon de tirer gloire du fait qu'ils n'ont jamais été les agresseurs, du moins d'en donner à leur propre louange une explication hautement morale et dont Arrien s'est fait complaisamment l'écho (2) : ce serait un sens exceptionnellement précoce du droit international qui aurait empêché les rois indiens de tenter aucune conquête en dehors des limites de l'Inde. On le voudrait ainsi : mais le prétexte est trop beau pour que même un indianiste puisse y croire. Il est bien à craindre que le sens unique de ces invasions ne soit commandé, tout comme celui de la mousson pluvieuse de l'Océan Indien, par une sorte de loi physique. Les géographes parlent de l'appel exercé sur les courants marins ou aériens par des mers ou des terres plus chaudes : il semble non moins vrai — il est seulement beaucoup plus déplorable — que les riches plaines du Panjâb et du Gange aient de tout temps produit la même attraction irrésistible sur les populations des régions moins favorisées de l'Irân et de la Haute-Asie et déterminé ainsi un courant humain à direction constante. Que l'Inde n'ait en définitive tiré aucun avantage de cette incessante infusion de sang nouveau, il serait injuste de le prétendre. Son climat, prompt destructeur d'énergie, en fait une grande consommatrice d'hommes; et sans doute ellene serait pas ce qu'elle est devenue sans ce perpétuel afflux de vigoureux immigrants descendus des plateaux et des montagnes du Nord-Ouest ou, plus tard, débarqués des navires d'Europe. Mais, d'autre part, qu'elle n'ait pas eu à souffrir de ces invasions répétées, il serait non moins excessif de le nier ; et ainsi sa présente -tendance à la xénophobie n'est pas sans excuse. Qu'elle n'oublie pas toutefois, puisque c'est d'une immigration indo-européenne qu'il va dès l'abord être question, que c'est sous cette face de son multiforme visage, celle du « frère aryen », qu'elle s'est elle-même jusqu'ici complue à se présenter au monde.

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