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0123 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 123 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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LES REACTIONS OCCIDENTALES SUR LE BOUDDHISME

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quelle proportion le Brahmâ indien et le Zarvân iranien, sans parler du « Père » ineffable des gnostiques, sont entrés dans la composition de ce nouvel Etre suprême (6).

L'INFLUENCE DES IDÉES JUDÉO-CHRÉTIENNES. - Une fois engagés sur la piste des influences mazdéennes, c'est-à-dire de celles dont l'action locale s'explique le plus aisément par tout ce que nous savons déjà de l'histoire de l'Inde du Nord, nous avons cru devoir les suivre jusqu'à leur plein épanouissement. Mais nul n'ignore que dès les premiers siècles de notre ère ce que nous appelons l'Orient proche, en deçà de l'Irân, a été le théâtre dè mouvements religieux considérables qui provoquèrent et que provoqua une large diffusion des idées judéo-chrétiennes et gnostiques. Même au cours de cette brève et superficielle esquisse on comprendrait mal que nous ne nous inquiétions pas de savoir si cette ardente propagande n'a pas lancé quelques agents dans l'Inde. Notre silence à cet égard se justifierait d'autant moins que pour chacun de ces deux ordres de doctrines l'histoire nous fournit enfin un nom d'homme auquel rapporter leur introduction dans l'« Orient moyen »; et ci-dessus (p. 221) nous avons dû reconnaître que les récits qui nous sont parvenus au sujet des voyages de saint Thomas et d'Apollonios de Tyane dans la région indo-iranienne, bien qu'ils n'aient été rédigés que cent cinquante ans plus tard, contiennent plus d'un trait vérifiable par l'épigraphie ou l'archéologie. Quel a pu être le résultat de l'apparition, après tout possible, sur les confins occidentaux de l'Inde, dès le milieu du Ier siècle, d'un propagateur du christianisme et d'un précurseur de la gnose ?

Occupons-nous d'abord de l'apôtre. Nous n'avons pas à refaire ici une étude critique de sa légende. Nous ne dirons même pas qu'elle nous apprend, mais simplement qu'elle illustre des faits que nous connaissions par ailleurs et qui ont leur importance pour notre sujet, notamment l'existence dans les ports ouverts du Konkan et les marchés du Gandhâra de courtiers et de marchands syriens, palestiniens, nabatéens, égyptiens, en un mot levantins, sans parler d'une joueuse de flûte juive. Il n'y a donc aucun empêchement théorique à ce que dès lors et par leur intermédiaire (car on cause beaucoup dans les caravanséraïs et une belle histoire se propage vite) il se soit glissé dans les biographies du Buddha qu'on s'était mis en devoir de composer quelque trait qui se retrouve dans la tradition chrétienne ; et si un emprunt de cette sorte s'est produit, ce qui reste à démontrer, il y a toutes chances pour qu'il s'agisse d'un de ces contes miraculeux que recueillaient vers le même temps les évangiles apocryphes de l'Enfance. A vrai dire les exégètes européens ou japonais qui se sont occupés de la question l'ont prise au rebours et se sont avant tout inquiétés de dépister les emprunts faits par les Évangiles à la légende bouddhique. A cet effet, ils ont industrieusement rassemblé toute une collection de ces passages parallèles ou prétendus tels (7). Si nos lectures nous permettent d'avoir à ce sujet une opinion, nous ne dissimulerons pas qu'aux yeux du philologue ces rapprochements ne prouvent pas grand-chose. L'expérience est facile à" faire. Même dans les cas en apparence les plus favorables, surtout si on les présente d'un certain biais — tel celui du vieillard Siméon et du vieux rishi Asita prenant l'un et l'autre dans leurs bras l'enfant prédestiné et prédisant sa grandeur future — l'analogie au premier abord si frappante s'évanouit dès qu'on ouvre côte à côte les textes grec et sanskrit : ni la situation ni les sentiments exprimés par le prophète inspiré ne correspondent de part et d'autre. Il en va de même des miracles dont le Lalita-vistara entoure la conception de l'enfant-Buddha; encore qu'il insiste sur le caractère immaculé de celle-ci et que saint Jérôme en doive plus tard tirer un argument d'apologétique chrétienne, aucune de ses élucubrations ne cadre avec les récits de l'Annonciation, fût-ce avec le plus circonstancié de tous, celui de saint Luc : et il existe d'ailleurs à l'arrière-plan des deux légendes un précédent zoroastrien. Bref, chaque ligne des évangiles, en fait contemporains dans leur rédac-

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