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0179 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 179 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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LE MODELAGE

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Service archéologique de l'Inde ainsi que le t. III des Fouilles de Hadda dans les Mémoires de la Délégation archéologique française en A/ghânistân n'en mettent encore à la disposition des amateurs qu'une infime partie. Il est vrai que cette minorité est le résultat d'une sélection attentive, et qu'ainsi elle permet de juger de l'étonnante somme de talent qui y a été dépensée sans compter.

Les révélations nouvelles ne s'arrêtent pas là. Nous tenions déjà la confirmation du fait que le bas prix et la malléabilité du mortier de chaux avaient généralisé son utilisation dans la décoration des monuments bouddhiques du Gandhâra; mais nous ne soupçonnions pas qu'une autre matière encore plus économique et plus docile, à savoir la glaise, avait pour les mêmes raisons détrôné le stuc, tout au moins dans l'exécution des statues ou des groupes placés à l'intérieur des niches et des chapelles. Malheureusement cette matière, une fois sèche, devient des plus friables, et il était inévitable que les images d'argile, en dépit du soin avec lequel on les abritait contre les intempéries, partageassent la ruine de leurs abris. C'est seulement dans quelques cas exceptionnels, quand l'incendie des plafonds de bois a développé une chaleur suffisante pour les transformer, au moins superficiellement, en terres-cuites qu'elles sont parvenues jusqu'à nous; et la valeur artistique du petit nombre qui a survécu ne rend que plus amère la perte de tout le reste (39). Nous découvrons là une autre lacune — la plus grave après la disparition de la peinture — que les ravages du temps ont créée dans l'oeuvre, et par suite dans notre connaissance de l'école. Il a fallu le soin minutieux apporté dans ses fouilles par l'Archœological Survey pour découvrir et démontrer que l'usage décoratif de la glaise, attesté à tant d'exemplaires dans les sables et sous le ciel secs de l'Asie centrale, y était, tout comme celui du stuc, d'importation indienne.

BRANCHE OU REJETON. - L'aire géographique de l'école nous réserve-t-elle encore quelque autre surprise ? Le fait est possible, sinon probable ; mais déjà, en ajoutant aux très nombreuses figures et figurines de chaux les rares spécimens en argile, on se trouve en présence d'une masse imposante, et sûrement destinée à s'accroître, de documents nouveaux et pour la plupart inédits : si bien qu'il n'y aurait pas grande exagération à dire qu'il faudrait entreprendre sur la coroplastique du Gandhâra une étude analogue à celle que nous avons naguère consacrée à sa sculpture sur pierre, sauf à y faire une part plus grande à l'étude ethnographique des types et à l'appréciation esthétique des oeuvres. Mais ce soin appartient à ses heureux inventeurs. Il nous incombe seulement d'indiquer ici la place qui revient à leurs trouvailles dans le tableau général que nous sommes en train d'esquisser de l'art indo-grec; et la première question qui se pose est de savoir si, en fait, elles appartiennent ou non à la même école que les bas-reliefs et les statues de schiste. Il se trouve en effet que nous ne possédons actuellement aucune image de stuc ou d'argile que nous soyons en droit de faire remonter au delà du irae siècle de notre ère, c'est-à-dire d'une époque où la sculpture sur pierre donnait déjà des signes certains de déchéance. Hâtons-nous d'ajouter que cette constatation ne s'appuie pas sur des considérations de style toujours incertaines (c'est également en vain qu'on demanderait à ces nouvelles venues les éléments d'une chronologie intrinsèque), mais sur des données matérielles d'un caractère nullement douteux. Non qu'il s'agisse de spéculer sur les possibilités de durée de ces œuvres fragiles et de décider d'avance, si vraisemblable que cela puisse être, qu'aucune ne saurait être de beaucoup antérieure au cataclysme du vie siècle : après tout, le fait que beaucoup d'entre elles ont survécu jusqu'à nos jours prouve qu'un bon mortier de chaux ne se laisse pas si facilement désagréger et résiste pendant de longs siècles aux infiltrations des pluies. Mais il est bien évident que toute application d'une ornementation en stuc ne saurait être antérieure à la muraille sur laquelle elle s'applique : or, des nombreuses observations soigneusement accumulées à Taxila par Sir John Marshall il ressort

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