National Institute of Informatics - Digital Silk Road Project
Digital Archive of Toyo Bunko Rare Books

> > > >
Color New!IIIF Color HighRes Gray HighRes PDF   Japanese English
0149 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 149 (Color Image)

New!Citation Information

doi: 10.20676/00000237
Citation Format: Chicago | APA | Harvard | IEEE

OCR Text

 

LA DATE   315

disait, des « mix-hellènes », dont nous venons de voir que le statut légal avait été prévu par traité. Les uns comme les autres, parlant ou même lisant le haut-panjâbî et parfaitement au courant 'des moeurs et coutumes indigènes, furent autant d'intermédiaires et de truchements tout trouvés entre les populations locales et leurs compatriotes descendus à nouveau d'au delà les monts. Enfin, au point de vue religieux qu'il nous faut avoir garde d'oublier, pas plus qu'ils n'avaient d'objection contre des unions matrimoniales avec les femmes indigènes, les Yavanas n'avaient apporté avec eux aucun préjugé, inné ou inculqué, contre les croyances orientales. Ils nous •l'ont déjà fait voir en baptisant sans hésiter de noms grecs les grandes divinités indoiraniennes (supra, p. 260 et 264-5), voire même en embrassant la nouvelle doctrine que, sous le nom de Sad-Dharma (la «Bonne-Loi »), l'initiative impériale d'Açoka et l'infatigable effort des missionnaires bouddhistes avaient, à partir du milieu du 111e siècle avant notre ère, propagée jusque dans 1'« Inde du Nord ».

Tout ceci a déjà été exposé ci-dessus et nous n'avons pu nous dispenser de noter (p. 277) que le Gandhâra où pénétra Dèmètrios n'était plus tout à fait le même que celui qui avait vu passer l'armée d'Alexandre. En quoi consiste au juste ce changement, de tous le plus important de notre point de vue ? Il serait excessif de prétendre que le pays est devenu complètement bouddhiste. Les ascètes nus continuent à errer selon les saisons d'un centre de pèlerinage à l'autre; dans les grandes villes, des temples s'élèvent toujours aux divinités indo-iraniennes, desservis par des brahmanes professionnels, dont quelques-uns se donnent le titre de mages ; et (tout au moins à partir de Taxila, car la rive droite de l'Indus n'est déjà plus en odeur de sainteté auprès des théologiens du Madhyadêça) les anachorètes brahmaniques continuent à cacher au fond des forêts leurs communautés rurales, conservatoires de leur savoir sacré (vêda ou çruti) et de leurs traditions religieuses (smriti). Voici cependant du nouveau. Non seulement auprès de Pushkarâvatî, mais « ni trop loin ni trop près » de chaque agglomération tant soit peu populeuse, ont poussé comme des champignons de curieux édifices en forme de tumuli (stûpa), flanqués de couvents habités par une sorte de moines mendiants que leur tête rasée et leur costume jaunâtre ainsi que leur extérieur décent et leurs manières généralement discrètes rendent reconnaissables entre tous. Bien que l'arrivée officielle des premiers missionnaires, secondés par les « surintendants de la morale publique » (Dharma-mahâmâtra) et appuyés par l'affichage sur roc des édits impériaux, ne date que du milieu du siècle précédent, les marchands du bâzâr, parmi lesquels se recrutent surtout les adeptes de la Bonne-Loi, ont rivalisé de zèle pour élever par souscription ces reliquaires géants et faire don perpétuel à la « Communauté des quatre points cardinaux » d'un de leurs parcs hors les murs, où les bhikshue pussent s'établir conformément à leur règle. Sans doute ceux-ci n'ont pas renoncé aux habitudes errantes des religieux indiens; mais si le personnel des monastères

(sanghârânza) se modifie au jour le jour (sauf pendant la retraite obligée de la saison-des-pluies), les fidèles laïques ont la satisfaction de le voir venir chaque matin, en défilant devant leur porte

pôur sa quête quotidienne, leur offrir une commode occasion d'acquérir de nouveaux mérites;

et chaque soir, quand ils ferment boutique, ils ont le loisir de se rendre à leur tour au couvent et, après avoir fait dévotement la circumambulation du stûpa, d'écouter des homélies pieuses

semées d'historiettes souvent aussi plaisantes qu'édifiantes : car à ces quelques rites se bornent

tous leurs devoirs de piété. Ainsi une congrégation, fondée trois cents ans plus tôt dans le bassin moyen du Gange par le Buddha Çâkya-muni, est venue prendre la direction de conscience des classes

moyennes de la population du Nord-Ouest, c'est-à-dire, comme nous l'avons déjà remarqué, de celles qui durent se rallier le plus aisément et le plus sincèrement au régime institué par la seconde conquête grecque. Mais voici mieux encore : le Sangha bouddhique ne professe à l'égard