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0114 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 114 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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LES PROPAGANDES RELIGIEUSES

modernes, dont les plus anciens sont mis au compte de Kanishka. Aux environs de Balkh, à la faveur du nom d'un des deux marchands, Bahlika, on a bien tenté sur le tard, ainsi qu'on le fait encore à Rangoon, d'exploiter la tradition pseudo-historique relative aux deux premiers disciples laïques, qui, du vivant même du Buddha, auraient bâti les premiers stûpa sur les rognures de ses ongles et de ses cheveux : mais ce timide essai paraît avoir été le seul et n'avoir obtenu qu'un succès médiocre. Le contraste, on le voit, est frappant entre le foisonnement des légendes dans la plaine indienne et leur presque totale absence sur le plateau iranien. A ce phénomène dûment constaté, nous ne voyons, pour notre part, qu'une seule explication plausible : si la « légende dorée » du bouddhisme, quand celui-ci a enfin conquis le Haut-pays, n'a pas réussi à s'y installer avec lui-ce n'est pas tant parce que le terrain lui était moins propice : c'est bien plutôt parce qu'il y a temps pour toutes choses, et que le temps de ces pieuses supercheries était déjà passé.

Quelles conclusions devons-nous tirer du toujours fidèle témoignage de notre pèlerin chinois ? Qu'on nous permette de nous expliquer en détail sur ce point afin d'éviter tout malentendu. Nous ne prétendons pas le moins du monde faire dire à Hivan-tsang que le bouddhisme n'a pénétré au Kapiça qu'au Ier siècle de notre ère : ce serait, répétons-le, le mettre en contradiction avec lui-même. Allons immédiatement beaucoup plus loin : que dès 65 après J.-C. des missionnaires aventureux aient poussé leurs déambulations jusqu'en Chine et aient trouvé à la cour provinciale des Tch'ou, dans les milieux taoïstes, des patrons et des disciples, nous ne demandons pas mieux pour notre part que de l'admettre, puisque les sinologues le constatent (16). Mais c'est le cas ou jamais de rappeler le vieux proverbe qu'une hirondelle ne fait pas le printemps : la formation d'une petite chapelle d'initiés, que ce soit à Lo-yang ou à Si-ngan, à Alexandrie ou à Séleucie, n'implique ici ni là la conversion d'une partie appréciable de la population de ces villes. S'il en était autrement, les capitales européennes où, de nos jours, existent de tels cénacles devraient être considérées comme bouddhistes. Quand nous avons parlé ci-dessus des étapes de la propagation de la Bonne-Loi, nous n'entendions les enregistrer qu'à partir du moment où les Églises nouvellement constituées avaient pris assez d'importance pour se manifester par des fondations religieuses dignes d'être jadis notées par les pèlerins et étudiées aujourd'hui par les archéologues. En fait, si l'on écoute parler nos sources, elles ne nous apprennent que ce à quoi nous devions d'avance nous attendre, à savoir que lesdites étapes ont chacune demandé pour s'accomplir l'espace de plusieurs générations. D'abord favorisée par les circonstances politiques, l'installation du bouddhisme au Gandhâra et dans les pays circonvoisins sous Açoka, puis sous Ménandre, semble avoir été aussi prompte que profonde : encore a-t-elle réclamé un bon siècle de 250 à 15o avant J.-C. Contrariée ensuite par les invasions scythiques, sa propagation s'est à ce point ralentie que sa pleine floraison ne nous est attestée au Kapiça qu'à la fin du Ier siècle de notre ère (17) : et sa prise de possession de la Bactriane va encore, de l'aveu rétrospectif de ses propres adhérents, exiger un nouveau

délai. Si même il est permis d'ouvrir ici une parenthèse, c'est justement là ce qui explique la date relativement tardive de son expansion en Chine. Si doctrine et culte bouddhiques avaient fleuri beaucoup plus tôt dans le bassin de l'Oxus, comment les Chinois, alors si friands de religions nouvelles et qui étaient en relations avec « les pays d'Occident » à partir de 125 avant J.-C., auraient-ils attendu les dernières années du ne siècle de notre ère avant d'élever à leur tour le premier stûpa dont il soit fait mention dans leurs chroniques ?

LES « ANCIENS ROIS » ET LA CONQUÊTE DE LA BACTRIANE. — Mais rentrons dans le cercle volontairement restreint de notre horizon, et continuons à remonter, son livre à la main; la route jadis suivie par Hivan-tsang. Que nousrépète-t-il pourl'avoirlui-mêmeentendu dire? ABâmyân, c'est