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0141 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 141 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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L'AIRE DE L'ÉCOLE   307

la date, les causes originelles et l'évolution d'une école d'art qui a fort captivé l'attention des archéologues aussi bien européens que japonais et qui, bien qu'elle n'ait guère produit de chefs-d'oeuvre, ne mérite sûrement pas le mépris dont il fut un temps de mode, dans un esprit d'indophilie mal comprise, de l'accabler.

I. L'AIRE DE L'ÉCOLE

Entre les divers points que nous nous proposons d'aborder successivement, nous choisirons comme entrée de jeu celui qui se prête le mieux à une solution expérimentale, nous voulons dire la délimitation du terrain sur lequel la floraison de l'école gréco-bouddhique a déjà été attestée par les fouilles. Les nombreux spécimens réunis dans les collections de l'Inde ou de l'Europe, sans oublier l'Amérique et le Japon, nous ont suffisamment familiarisés avec ses matériaux, sa technique et son style pour permettre de reconnaître ses productions où que ce soit, fût-ce dans la boutique d'un antiquaire parisien ou la galerie d'un amateur anglais. L'expérience nous a également appris que la plupart des ateliers dont ces oeuvres sont sorties étaient situés dans le district de Peshâwar ou les vallées circonvoisines : car, chaque fois que le lieu de leur trouvaille est connu, l'immense majorité des pièces de musée a cette provenance. Mais quel territoire a au juste couvert l'École, nous ne le savons pas exactement et, vu les conditions politiques qui règnent sur la frontière Nord-Ouest de l'Inde, nous ne le saurons pas de longtemps. Toutefois un point de repère précis a été établi une fois pour toutes par les fouilles de Sir John Marshall à Taxila, lesquelles ont poussé jusqu'à cette localité la limite orientale de l'École. Si tout ce que nous avons dit ci-dessus (p. 156) est fondé en fait et en raison, il suffira à présent, pour déterminer sa rontière occidentale, de suivre en gardant les yeux bien ouverts la grand-route qui menait de l'Inde en Asie centrale par les cols de l'Hindûkush. La Délégation archéologique française en Afghânistân n'a eu garde de négliger la chance qui lui était ainsi offerte.

Qu'on nous permette cette fois encore de dissiper à l'avance toute possibilité de malentendu. Que par cette voie l'influence gandhârienne se soit acheminée vers la Haute-Asie et, grâce au prestigieux attrait exercé sur les populations par l'imagerie bouddhique, se soit infiltrée à travers la Chine et la Corée jusqu'au Japon, c'est là un fait trop connu et reconnu de tous pour être remis en question. Aussi ne s'agit-il pas ici de l'influence, si proche et manifeste qu'elle puisse être, mais de la production même de l'École, avec toutes les particularités qui la caractérisent. Parlons clair : jusqu'où a-t-on jusqu'ici trouvé en territoire afghan des pièces sculptées en schiste ou modelées en stuc d'inspiration bouddhique et de facture non moins visiblement classique ? — Nous serions bien surpris si à cette question le lecteur européen n'était d'avance tenté en son for intérieur de répondre : « A tout le moins jusqu'à Balkh... » Ne fut-il pas longtemps de mode d'appliquer à l'art indo-grec l'épithète de gréco-bactrien et d'en chercher le berceau à Bactres même ? Nous n'y aurions pour notre part aucune objection si les faits venaient le moins du monde appuyer cette théorie : mais nous avons déjà constaté qu'il n'en était rien. Nulle part encore, pas plus en Bactriane qu'au Badakshân, il n'a été mis au jour, sur le versant septentrional de l'Hindûkush, d'oeuvre gréco-bouddhique de la bonne époque ; et nous n'avons pu cacher qu'en arrivant à Bâmyân, en dépit du traitement des draperies des Buddhas colossaux, on avait l'impression de se trouver déjà en Asie centrale. Rebutés de ce côté, nous nous sommes un instant demandé si le style proprement gandhârien avait jamais dépassé les sites de Nagarahâra et de Hadda — où, notez-le, sa floraison n'a été définitivement mise hors de conteste que par les récentes fouilles de la Délégation française.