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0135 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 135 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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LES RÉACTIONS OCCIDENTALES SUR LE BOUDDHISME   Soi

semblance va toujours croissant, nous tenons déjà- deux exemples certains du transfert inverse de livres sanskrits de l'Inde en Occident. Le premier emprunt, déjà longuement étudié sous toutes ses faces, est celui du fameux recueil de contes du Panca-tantra qui, traduit en pehlvi par Barzoe, un des médecins de Khusrô Naushirvân, tombera après de multiples avatars sous les yeux de La Fontaine sous le nom de Fables de Bidpai et servira à l'éducation du Dauphin. Il nous touche surtout ici par le jour que la noble et sincère préface du premier traducteur nous ouvre sur la conscience religieuse de son temps. Le second cas nous intéresse directement : car il ne s'agit de rien moins que de la diffusion en Syrie et dans tout le monde méditerranéen d'une vie romancée, et adaptée aux idées chrétiennes, du Bodhisattva qui devint le Buddha Çâkya-muni. A la vérité le mode de transmission de cette oeuvre d'édification n'est pas encore complètement élucidé; entre le Lalita-vistara et la Vie des saints Barlaam et Josaphat entrée sous l'autorité de saint Jean Damascène dans la Patrologie grecque, on est obligé de supposer l'interposition d'une première adaptation, probablement manichéenne et rédigée en pehlvi au vie siècle; mais le lien de filiation n'est plus mis en doute par personne, ni non plus le fait que ce pieux démarquage ait réussi à introduire le Bodhisattva dans le martyrologe romain (22). Il s'en fallait seulement de plusieurs siècles qu'il arrivât à temps pour influencer la rédaction des Évangiles (cf. supra, p. 29o).

L'EXTINCTION DU BOUDDHISME DANS LE NORD-OUEST. - Il ne nous resterait plus, pour clore ce chapitre (fait, reconnaissons-le, de têtes de chapitres), qu'à suivre le recul du bouddhisme devant l'avance de l'Islam. Mais les deux mouvements sont fonction l'un de l'autre et nous avons déjà retracé ci-dessus (p. 240 et suiv.) le progrès de la conquête musulmane dans la région indoiranienne. Vaut-il la peine de noter qu'en vertu des mêmes conditions géographiques, le repli du bouddhisme s'est opéré non seulement par les mêmes étapes, prises en sens inverse, mais encore avec les mêmes pauses périodiques que son expansion ? Dès le ville siècle la Bactriane lui est ravie; au siècle suivant, c'est le tour du Kapiça; mais la basse vallée de Kâbul et le Gandhâra lui demeureront partiellement fidèles sous leur dynastie brahmanique jusqu'aux premières années du xie siècle. Ensuite il n'en sera plus question... Une assertion aussi absolue peut provoquer quelque étonnement. Nulle part on ne voit que les Musulmans aient réussi à exterminer les « infidèles » ; ils ont vécu et vivent encore côte à côte avec les Guèbres en Irân et avec les Hindous dans l'Inde : comment et pourquoi seraient-ils parvenus à supprimer entièrement le bouddhisme dans le Moyen Orient ? — C'est, répondrons-nous, que le bouddhisme n'existe à proprement parler que par et pour sa Communauté monastique. Infiniment plus vulnérable que les religions nationales, il n'a pu comme cellesrci opposer la force d'inertie qui réside dans la multitude et l'anonymat au prosélytisme agressif des nouveaux envahisseurs. Tout au contraire il prêtait doublement le flanc, dans le nombre restreint et le signalement caractéristique des membres de son ordre comme dans l'isolement de leurs résidences, aux attaques d'adversaires déterminés à le détruire par le fer et par le feu. Une fois que la torche avait incendié les monastères et que les moines qui n'avaient pas fui à temps avaient été passés au fil de l'épée, la Bonne-Loi était complètement déracinée, et il suffisait d'une génération pour que tout souvenir en fût aboli. Aurait-on voulu la faire renaître, il n'aurait fallu rien moins qu'une importation nouvelle de bhikshu dans le pays (ne fût-ce que du quorum nécessaire pour ordonner les moines locaux) et la restauration des couvents avec leurs sanctuaires et leurs bibliothèques. C'est ainsi que le bouddhisme qui, après la grande persécution de Mihirakula, avait pu être rétabli au Gandhâra par le zèle pieux des Shâhis Turcs, fut balayé sans retour de la face de la contrée par la conquête ghaznévide. Assurément, des îlots toujours décroissants de Kâ fir se sont maintenus jusqu'à nos jours dans les vallées écartées du massif afghan, mais seule-