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0190 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 190 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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CONCLUSIONS

bien dans l'avenir s'intéresser à cette région jusqu'ici trop négligée par les iranisants comme par les indianistes : car le rôle du prospecteur est de préparer les rayons de cire sèche dont d'autres butineurs empliront à loisir les alvéoles de leur miel. Le moment semble venu, pour achever la tâche qui nous incombe, de reporter l'une sur l'autre les trois esquisses, topographique, archéologique et historique, que pour plus de clarté, nous avons crayonnées à part. On ne saurait, croyons-nous, imaginer conclusion meilleure pourvu qu'elle soit brève : car pour reconnaître les traits essentiels du tableau il suffira de remarquer quels sont ceux qui coïncident sur les trois ébauches successives, et qui, ainsi renforcés, se détachent en vigueur sur la grisaille du fond.

CONSIDERATIONS GÉNÉRALES. - On nous excusera si, pour commencer, nous nous bornons à admirer, sans aspirer à l'imiter, l'intrépidité de ceux qui s'attaquent d'emblée à la question des origines, comme si l'esprit humain avait la faculté de percer jusque dans leur tréfonds les ténèbres du passé. La Bhagavad-Gîtâ (II, 28), faisant une fois de plus écho au Buddha, n'a-t-elle pas pris soin de nous en avertir ? « Insaisissables dans leur commencement, perceptibles seulement au milieu de leur carrière, êtres et choses nous échappent à nouveau dans leur fin : à quoi servirait de s'en plaindre ? » Reconnaissons-le toutefois : au-delà du cercle étroit qu'illumine ce qu'on est convenu d'appeler le flambeau de l'histoire, il nous est parfois donné de surprendre, par éclairs furtifs et pareils aux échappées de lumière que projette spasmodiquement un feu de camp sur les profondeurs de la forêt environnante, quelques aperçus d'un indéniable intérêt. On ne saurait négliger de parti pris ce que ces fugaces perspectives peuvent nous révéler des conditions quasi primordiales qui souvent commandent pour une large part toute l'évolution postérieure, telle que le souvenir de celle-ci nous a été transmis grâce à l'invention de l'écriture. Or, aussi loin que nous puissions remonter dans le passé de la région indo-iranienne, nous croyons y distinguer, au milieu d'un brassage déjà très mélangé de peuplades, quelques groupes ethniques, attestés les uns par leur survivance, les autres par la tradition. Parmi les premiers nous rangerions sans hésiter, sinon tous les Hazâreh, ce qui serait trop dire, du moins le fond de la population du massif afghan, à nos yeux évident rameau de la race tibétaine, et aussi (bien qu'avec moins d'assurance et sous bénéfice d'inventaire) d'autres « pré-aryens », ceux-ci non mongoloïdes, refoulés dans les replis inexplorés des montagnes où ils ont trouvé un sûr asile : car si le flot des invasions balaye les grandes vallées, celles-ci en revanche le canalisent assez étroitement. Parmi les seconds, c'est à nos auteurs classiques que nous devons d'avoir conservé le souvenir des «Éthiopiens orientaux », négroïdes par définition, dont les derniers représentants auraient été les Ichtyophages qui hantaient les sinistres bords de la mer Érythrée. Par-dessus cette multiplicité de tribus s'organise, au troisième millénaire avant notre ère, sans doute à la suite d'une invasion, une sorte de république sumérodravidienne qu'on nous dépeint mercantile et confortable, donc riche et de vocation pacifique (i). En même temps, jaillissant de toute une bigarrure de croyances et de pratiques animistes (ou, comme on dira plus tard, tantriques) s'élaborent l'idée et l'image d'un « Maître suprême » des hommes et des bêtes, prototype du futur Mahêçvara, alias Çiva. Du moins est-il permis de risquer ces hypothèses en nous laissant guider par les quelques vestiges relevés dans les décombres de cette société, de son urbanisme déjà très poussé, et de sa religion encore rudimentaire. Selon toute apparence les emblèmes phalliques (linga) érigés sur les autels domestiques de ces gros marchands, de même que les formidables taureaux et le dieu cornu représentés sur leurs cachets restés jusqu'ici indéchiffrables, préfigurent le « Grand Seigneur » dont à leur arrivée les Aryens ont trouvé la souveraineté établie sur tout le Nord-Ouest et qui, bien que toujours relégué en marge du panthéon brahmanique, n'en a pas moins forcé l'entrée de la trinité hindoue. D'autre part, ce doit être un