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0161 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 161 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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LES CAUSES PREMIÈRES   327

des ducats de Venise : autant de témoins sincères et qui, en attendant d'être cuisinés par de plus experts numismates, venaient spontanément attester, chacun à leur tour, la persistance du commerce entre l'Orient et l'Occident à travers toutes les orageuses péripéties de l'histoire (15).

Les lecteurs dont la curiosité aura été plus éveillée que satisfaite ont déjà trouvé en note l'indication des travaux les plus récents qui soient venus compléter ceux dont nous disposions naguère, quand nous avons déjà dû insister, à propos de la floraison de l'école gandhârienne, sur l'importance du facteur économique; mais chaque jour des indices nouveaux viennent s'ajouter à ceux qui étaient déjà connus ou catalogués. C'est hier à peine qu'ils ont été tous éclipsés par le résultat des campagnes de fouilles de M. et Mme J. Hackin au Bêgrâm de Kâpiçi. Jamais encore aucune découverte n'avait illustré de façon aussi éclatante le va-et-vient des œuvres d'art sur la grand-route terrestre de l'Inde. Dans l'espèce d'entrepôt qu'ils ont exhumé, et dont le bric-à-brac rappelle, en plus artistique, celui qui s'entasse encore à l'heure actuelle chez les gros marchands de Kabul ou de Peshawar (expert and import), l'apport venu de la Syrie est surtout représenté par des bronzes, des verreries de valeur très inégale, mais dont quelques-unes sont des chefs-d'oeuvre, et des maquettes en plâtre de médaillons, à l'usage des orfèvres; celui qui est monté de l'Inde centrale consiste surtout en coffrets ornés de plaques d'ivoire ciselé d'un travail parfois admirable. Il semble impossible d'imaginer vérification meilleure des informations contenues dans les textes : pourtant le hasard, bon prince, a voulu nous combler encore davantage; et presque en même temps il a fait sortir des fouilles de Pompéi un manche de miroir en ivoire, première preuve tangible de l'arrivage jusqu'en Italie d'un bibelot authentiquement indien (i6).

Nous pourrions borner là cette rapide et toujours provisoire mise au point, si l'importance pour notre sujet de ces rapports commerciaux ne nous faisait apercevoir la nécessité d'un avertissement qui s'adresse aussi bien aux auteurs qu'aux lecteurs du présent ouvrage. Le titre seul de ce dernier pourrait, en effet, induire les uns comme les autres à se laisser indûment hypnotiser par le rôle de la route terrestre au point de négliger celui de la route maritime. Ce serait à tort. Proclamons-le assez haut pour que nul ne nous accuse d'une partialité que nous dénonçons nous-mêmes comme tout à fait injustifiée : ce n'est pas seulement par le « trans-iranien », principal objet de notre étude, c'est aussi bien par la voie de la Mer Rouge ou du Golfe Persique que se sont acheminés vers le Gandhâra les choses et les gens d'Occident. Jusqu'à ces derniers temps, la seule façon de commercer en Asie était de se joindre à une caravane ou de prendre passage sur un vaisseau marchand; dès l'époque dont nous parlons, ces services de transport se faisaient concurrence. La loi économique du bon marché déterminait le mode d'expédition des marchandises; les circonstances particulières ou les fantaisies individuelles guidaient le choix des voyageurs. Il a plu à Apollonios de Tyane, muni de sauf-conduits parthes, de suivre tout au long la route de terre; pour Judas Thomas, venant de Palestine, le plus court était d'aller prendre un bateau nabatéen desservant la ligne de Barygaza par le Golfe Arabique; et c'est probablement à Charax-Spasinu, le port situé à la tête du Golfe Persique, que Mânî aura trouvé commode de s'embarquer. Ajoutons en passant, que d'après des inscriptions récemment découvertes à Palmyre, ce dernier port était le point d'embarquement et de débarquement attitré des agents des négociants palmyréniens (17). Non seulement les trois chemins menaient dans l'Inde, mais (comme nous l'avons déjà remarqué supra, p. 7, et comme l'on peut voir sur la carte de la fig. 2), ils formaient des circuits fermés le long desquels le trafic circulait forcément dans les deux sens. La facilité des communications s'en trouvait accrue; mais il ne faut pas se le dissimuler, c'est là une complication de plus pour les historiens qui, non contents de suivre le cheminement vers l'Ouest des épices et des parfums, des pierreries et des perles, des ivoires et de la soie,