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0215 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 215 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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LES PREMIÈRES TROUVAILLES DE HAPPA   381

sement l'un d'eux, quand une fois on lui a rajusté sa tête, est à peu près complet (Cat. n° 34; pl. XXXI V d). Le flacon qu'il tient dans sa main gauche nous avait d'abord fait penser au Bodhisattva Maitrêya ; mais le fait qu'il ne porte aucun bijou, joint à sa chevelure flottante, montre qu'il s'agit simplement d'un novice brahmanique. Le petit zélateur du no 35 porte au contraire ses cheveux ramassés sous un turban qui a perdu son bouffant, mais a conservé son agrafe sur la tempe gauche. Quant au no 36, son gros chignon bas, à demi caché sous une grosse boucle d'oreille, semble indiquer une femme (pl. XXXVI g et h).

30 En contraste marqué avec toutes ces figures souriantes et rêveuses se présentent les quatre spécimens suivants (Cat. n08 37-40). Ceux-ci appartiennent à la bande des génies-atlantes et représentent en face du beau idéal (et, il faut l'avouer, « académique ») des Buddhas et des Bodhisattvas ou de leurs zélateurs, la veine populacière et grimaçante de l'École : car on ne saurait refuser à celle-ci, surtout chez ses coroplastes, un sens très aigu de la caricature et du grotesque. La petite figurine accroupie porte sur l'épaule une amphore, signe trop certain des propensités de tous ses congénères Yaksha pour les boissons enivrantes (pl. XXXVI k). Une petite tête du même module se mord la lèvre inférieure d'un air furibond. De plus grande taille, et d'un ordre plus élevé dans la tribu démoniaque, sont les deux autres génies auxquels leurs cheveux hérissés font comme un nimbe de rayons. La plus grande surtout, avec ses sourcils froncés et ses traits tourmentés, a l'allure de défi et de révolte fréquente chez ces soutiens mal résignés de l'édifice religieux (pl. XXXVI i).

Leur tâche ingrate est, on le sait, partagée par des protomès de lions et d'éléphants. La gueule béante de notre lion (Cat. no 41; pl. XXXVI j) montre assez clairement que, lui aussi, se sentait écrasé par le poids de la frise qu'il supportait jadis. Quant à notre éléphant (Cat. no 42; pl. XXXVI n), il joue simplement le rôle de bucrâne relevant par intervalle les rinceaux d'une guirlande. Un assez beau spécimen de chapiteau d'acanthes est resté sur le terrain.

CONCLUSIONS HISTORIQUES. - Ce bref inventaire et une rapide lecture du catalogue ci-joint suffisent à montrer que notre première collection afghane est, dans sa petitesse, suffisamment complète et représentative. Aussi nous croyons-nous autorisés, sinon à en tirer des conclusions de large envergure, du moins à répéter à leur propos celles que nous ont déjà suggérées les collections beaucoup plus considérables de Peshawar et de Taxila. .Les fouilles persévérantes que Sir John Marshall a conduites avec autant de bonheur que de talent autour de cette dernière ville ont permis d'étendre à la rive gauche de l'Indus les notions déjà acquises au sujet du Gandhâra proprement dit : il n'est peut-être pas sans intérêt de constater que notre prospection de Nagarahâra et de Hadda a dès l'abord établi la validité de ces mêmes notions pour la vallée moyenne de la rivière de Kabul. De Jelâlâbâd à Rawâl-Pindî nous avons toujours affaire à la même École (3).

La ressemblance est surtout étroite, comme nous l'avons déjà signalé dès le début, entre la décoration des monastères de Jauliân et de Teppeh-Kalân, aux deux extrémités de ce territoire et, ici comme là, les fouilles n'ont guère remis au jour que des images de stuc. Devons-nous croire que le Gandhâra (district de Peshawar) et l' Udiyâna (Svât et Bûnêr) aient eu le monopole de cette sculpture sur schiste bleu-vert qui est devenue pour nous le principal produit de l'École gréco-bouddhique? En d'autres termes, le centre de l'aire géographique en question a-t-il seul possédé de véritables ateliers de sculpteurs tandis que les confins, tant orientaux qu'occidentaux, n'auraient guère eu à leur service que des modeleurs? 11 semble bien établi que les rares statues et bas-reliefs de schiste trouvés autour de Taxila y ont été apportés tout faits de la rive droite de l'Indus : mais c'est que les collines de Taxila sont toutes de calcaire. Il n'en va pas de même pour les montagnes qui entou-