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0159 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 159 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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LES CAUSES PREMIÈRES   325

apportent la preuve que cette traite sera pleinement honorée. C'est une consolation et un encouragement pour nous de constater que toute recherche archéologique dans l'Orient proche nous rend aussitôt d'intéressantes correspondances ou même donne matière à des rapprochements certains. Tantôt ce sont les jambages de Palmyre qui s'apparentent directement à ceux de Pushkarâvatî; tantôt ce sont les fouilles de Doura-Europos qui, en attendant celles d'Hékatompyles, mettent au jour une ville parthe analogue à celle que Sir John Marshall a, de son côté, exhumée au Sir-Kap de Taxila; tantôt c'est la trouvaille dans les montagnes du Fars de statues de bronze qui évoquent aussitôt le Pancika du Musée de Lahore; tantôt enfin c'est la pose des monarques sassanides, sur leurs sculptures rupestres, qui modifie la façon traditionnelle d'asseoir les Buddhas, etc. 43). Que notre impatience, d'ailleurs partagée par nos confrères hellénistes, s'accommode mal de la lenteur avec laquelle avancent nos connaissances, cela se conçoit, car la vie humaine est courte. Elles avancent cependant, en dépit de la période troublée que traverse de nos jours l'Ancien monde; et le savant n'est pas sage qui prétend ne rien laisser de neuf à découvrir à ses successeurs.

Le tableau qui nous est déjà offert de l'Asie séleucide, arsacide et sassanide, pour obscures que soient encore certaines de ses parties, ne nous apporte pas seulement l'espoir qu'en s'éclairant mieux, il réfléchira sa lumière sur le champ de nos propres recherches : il nous permet déjà de sortir de l'espèce d'impasse où nous semblions tout à l'heure nous être imprudemment engagés. Juste au moment où, pour reprendre cette métaphore commode, l'étincelle allait jaillir qui déterminerait la synthèse gréco-bouddhique, il semblait que, du moment qu'une invasion scythe venait à jamais briser le contact, le phénomène attendu, toute certaine que fût sa production, n'aurait jamais dû se produire ou, s'il s'était déjà produit, aurait vu ses effets immédiatement annihilés. Comparaison n'est pas raison, car en fait le courant ne s'est pas trouvé interrompu. Il est établi par des précédents dûment constatés dans l'Asie antérieure que la destruction d'une dynastie, voire même d'un état hellénique, n'entraînait pas ipso facto l'abolition de la part de civilisation méditerranéenne qui avait déjà eu le temps de s'acclimater dans le pays. De même que l'hellénisation de l'Irân a survécu aux Séleucides, la dépossession, voire même la très problématique expulsion ou extermination des Yavanas a pu contrarier, mais non arrêter au Gandhâra le développement de l'art indo-grec. Jusqu'à quel point son évolution a été d'abord ralentie (et peut-être ensuite accélérée ?) par l'invasion scythique, ce sera à nous de tâcher de le deviner d'après les documents que nous possédons (infra, p. 335); mais nous le voyons déjà, et la suite de l'histoire achèvera de le prouver : il n'y a aucune contradiction dans les termes à admettre qu'une école indo-grecque, fomentée dans l'Inde sous des monarques grecs, ait achevé de s'y épanouir sous leurs successeurs barbares.

LE ROLE DU COMMERCE. - Est-ce à dire toutefois que, dans l'Orient moyen comme dans l'Orient proche, la perpétuation historiquement attestée de l'influence hellénistique doive et puisse s'expliquer uniquement par le développement local des germes çà et là déposés par les épigones des compagnons d'Alexandre ? Concédons la particulière vigueur que ces semences empruntaient à la supériorité scientifique et artistique (nous ne disons pas : morale) de la civilisation grecque; mais leurs rejetons n'auraient-ils pas été prompts à s'étioler et à dépérir, comme tous ceux que l'on transplante, si quelque communication avec leur patrie originelle n'avait de temps à autre ranimé leur fraîcheur ? Leur existence, ils la doivent visiblement au succès des armées grecques et des chefs que celles-ci savaient se donner ; la retraite de ces troupes et la déchéance de ces dynastes n'auront-elles pas défait ce qu'avait fait leur triomphe et ruiné parla base leur influence plus promptement encore qu'ils ne l'avaient édifiée ? Les victoires successives et quasi constantes des Parthes