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0176 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 176 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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LES INFLUENCES ARTISTIQUES

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son idole et son idolâtrie étaient devenues choses courantes à partir du Ier siècle. Ils nous fournissent en même temps un signalement précis de l'uniforme tribu de ces icones. Trois traits caractérisristiques sont surtout à retenir : l'ondulation des cheveux, la souplesse des draperies qui enveloppent tout le corps et le geste vaguement accueillant ou bénisseur de la main droite. Ajoutons, à titre accessoire, que, quand le Maître est accosté de deux assistants, ceux-ci présentent les types et attributs caractéristiques des deux divinités qui jouent le plus grand rôle dans les écritures bouddhiques, Brahmâ et Indra (34).

LA PÉRIODE INDO-KUSHANE. Il a déjà été remarqué ci-dessus (p. 226) que la substitution à la domination parthe de celle des premiers Kushâns semble s'être faite presque sans coup férir : on ne voit pas davantage d'écarts brusques se marquer dans le style des images du Buddha. Nous ne pousserons pas l'entêtement jusqu'à soutenir que l'ère des inscriptions de Kanishka et de ses successeurs ait le même point de départ que l'ère Çaka, puisque nous n'en avons aucune preuve certaine. Faudrait-il retarder l'avènement du « Clovis » bouddhique avec Sir John Marshall jusqu'en 125, ou avec M. Sten Konow jusqu'en 128 après J.-C., que ce glissement d'un demi-

siècle ne changerait rien à la courbe suivie par l'évolution de la sculpture gréco-bouddhique. Il serait donc oiseux de discuter si c'est sous son règne qu'il faut placer avec les uns le plein épa-

nouissement, ou, avec d'autres, les débuts de la décadence (cf. AgbG., II, p. 541 s.). C'est presque insensiblement que se dessinent et s'affirment dans le type déjà consacré du Buddha certaines modifications qui, qu'on les réprouve ou qu'on les approuve du point de vue esthétique, dénotent en tout état de cause la réaction croissante du goût et du sentiment indigènes. Tandis que les cheveux se bouclent et que les plis des draperies s'amenuisent, la personne du Maître tend à grandir aux dépens de celles de ses assistants. Voici enfin que se crée une formule nouvelle dont le succès est attesté par le grand nombre d'exemplaires que nous avons conservés, et qui, sous le couvert du « Grand prodige de Çrâvastî », va permettre au panthéon particulier du bouddhisme, alors en voie de formation (supra, p. 288), de risquer une apparition d'abord timide. Le Maître s'assied à présent sur un énorme lotus magique à mille pétales; il découvre son épaule droite, conformément au cérémonial indien, et réunit pour la première fois ses mains devant sa poitrine pour le geste rituel de la prédication. En même temps les deux acolytes amorcent la transformation qui, aux deux grands dieux hindous de la légende, substituera les Bodhisattvas mahâyâniques. Bientôt même, la taille du Maître s'exagérant hors de toute proportion avec son entourage, ses assistants iront se multipliant à mesure qu'ils rapetissent, et on verra s'entasser sur les stèles autour de l'image centrale un cortège de plus en plus nombreux de Buddhas, de Bodhisattvas et de divinités de tout genre. En même temps se donne carrière la tendance au colossal; et puisque les idoles géantes ne peuvent se réaliser en un seul bloc de pierre, on les ébauche à même les falaises des montagnes comme à Bâmyân, ou on les édifie en mortier de chaux comme à Takht-î-Bahî ou à Taxila (35).

LA PÉRIODE KUSHANO-SASSANIDE. Tout ceci nous mène jusqu'au milieu du IIIe siècle, c'est-à-dire jusqu'au moment oû l'Irân, galvanisé par le mouvement national personnifié en Ardeshîr, le fils de Sâsân, en même temps qu'il a restauré les traditions religieuses du mazdéisme, a rétabli à peu de choses près les anciennes limites de l'empire achéménide (supra, p. 227). Mais si les premiers Sassanides étendent ainsi leur suzeraineté sur toute la région indo-iranienne, ils ne semblent pas y avoir persécuté le bouddhisme, auquel nous nous souvenons que Mânî est venu emprunter certains de ses dogmes. A cette période obscure nous rapporterions volontiers, comme