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0167 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 167 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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LES FACTEURS ARTISTIQUES

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élément essentiel d'un sanctuaire. D'autre part, et de toutes manières, l'emploi sur les monuments bouddhiques du Gandhâra antérieurs à la seconde conquête grecque des motifs alors courants dans l'Hindûstân est attesté de la façon la plus convaincante par leur survivance obstinée sur les bas-reliefs postérieurs de style nettement gréco-bouddhique.

On nous excusera de devoir renvoyer pour les besoins de notre démonstration aux illustrations d'un ouvrage qui demeure encore le recueil le plus complet des sculptures sur pierre du Gandhâra (24). Le premier coup d'oeil apprendra (et ce sont justement là de ces choses que loeil seul peut apprendre) que l'auteur de la formule indo-grecque de la Conception du Bodhisattva (AgbG., fig. 149 et 16o a) n'a fait que traduire dans son vocabulaire la version indienne du même miracle (ibid, fig. 148). Il en va de même pour la Première méditation (fig. 175 b et 177), le Grand départ (fig. 181-4), l'Invitation à la prédication (fig. 212-3 et 214), et la Première prédication où la « roue de la loi » continue à garder son rôle et parfois même un rôle prédominant (fig. 216-22o et 281, 475). Dira-t-on qu'il a suffi de l'importation au Gandhâra dans la besace des pèlerins bouddhistes de mémentos découpés en métal, estampés sur argile ou peints sur étoffe de ces grands miracles pour fournir ces éléments traditionnels à l'inspiration des maîtres du Nord-Ouest ? L'hypothèse en soi n'a rien d'absurde; mais elle est insuffisante : car elle serait incapable d'expliquer la familiarité avec laquelle ceux-ci manient également dans leurs scènes figurées de la vie du Buddha la représentation des êtres surnaturels qui ne vivaient que dans les superstitions populaires locales. La façon dont ils traitent comme de vieilles connaissances les ondins (ndga), les génies (yaksha) et leurs compagnes démontre que ceux-ci étaient déjà figurés aux environs de Pushkarâvatî, où nous ne les avons pas encore retrouvés, bien que moins fréquemment qu'à ceux de Mathurâ, de Vidiçâ ou de Pâtaliputra où ils ont reparu en nombre. Bref, le répertoire même de l'école du Gandhâra, par les motifs indiens et iraniens qu'il contient, nous apporte, à défaut de la confirmation des fouilles, la preuve intrinsèque que, comme tout le donnait à penser (cf. supra, p. 311), les Yavanas ont trouvé en activité dans le pays un art local analogue à celui qui florissait au He siècle dans le reste de la péninsule. Mais le soupçon que nous en avons ne prend quelque consistance que du jour où cet art fut enrôlé au service de l'église bouddhique; et comme celle-ci était dans le Nord-Ouest de création beaucoup plus récente que dans le bassin du Gange, rien ne permet de faire remonter les premières manifestations de son art religieux avant la fin du me siècle ou le début du He siècle avant J.-C.

L'ÉLÉMENT HELLÉNISTIQUE. — Cette laborieuse et prudente investigation nous avertit à nouveau de la folie qu'il y aurait à faire naître l'école indo-grecque en dehors du Gandhâra et antérieurement au ter siècle avant notre ère. De même que dans le Nord-Ouest l'influence iranienne a fleuri sous les Mauryas après la chute des Achéménides, et l'influence indo-bouddhique sous les Yavanas après la déchéance dés Mauryas; de même la' semence hellénistique n'a porté ses fruits que sous une dynastie bien différente de celle qui l'avait implantée. Sic vos non vobis... Chacun de ces trois régimes n'aura travaillé, artistiquement parlant, que pour ses successeurs. Par là se trouvent justifiées, aussi bien en théorie qu'en pratique, les frappantes analogies que nous avons naguère relevées (A gb G., II, p. 492 s.) entre les décors çlassiques répandus à profusion sur les frises gandhâ_ riennes et les types des monnaies des tout derniers Yavanas et des Çaka-Pahlavas. C'est en effet sur les pièces d'Hippostratos et de Polyxène, de Mauès et d'Azès, que nous voyons paraître la contre-partie gravée des Tritons, des Ménades, des Cités coiffées de leur couronne crénelée, des Nikè et des pseudo-Athènè que nous présentent les sculptures sur pierre. Ces rapprochements ont paru depuis péremptoires à d'autres que nous : encore ne font-ils que confirmer la date à la-