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0111 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 111 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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LA PROPAGANDE BOUDDHIQUE   277

de son ambassade à Pâtaliputra que Mégasthène fera leur connaissance dans l'Inde centrale. Évidemment le type si caractéristique du bhikshu, avec sa tête rase, son costume uniforme et son vase à aumônes, n'était pas encore répandu dans le Pafijâb. Il en va tout autrement quand, plus de 13o ans après, les Gréco-Bactriens en voie de se changer en Gréco-Pafijabis, s'emparent derechef, et cette fois pour un plus long bail, de l'Inde du Nord : déjà u le Gandhâra resplendissait de robes jaunes », et la rencontre était inévitable entre les conquérants et les nouveaux directeurs spirituels de bon nombre de leurs sujets. A quel point leurs relations furent courtoises, sinon même intimes, c'est ce que toutes nos sources indiennes ou grecques viennent de nous donner à entendre. Que ce fût de leur part tolérance naturelle ou habileté politique, il semble bien qu'en ce qui concerne leur attitude à l'égard des sectes indiennes, la dynastie des Euthydèmides prit la suite de celle des Mauryas. Cela signifie que près de deux siècles de prospérité — car les luttes intestines des IndoGrecs ne la touchaient guère — furent assurés d'affilée dans le Nord-Ouest à la « Communauté d es quatre points cardinaux ». Nous pouvons sans crainte faire remonter sinon jusqu'à 200, du moins jusqu'avant 15o avant notre ère, l'organisation des églises bouddhiques de Takshaçilâ, de Pushkarâvatî et de Nagarahâra, sans parler des gros villages de la région; l'établissement près de toutes les agglomérations importantes de stûpa et de monastères; et enfin, tantôt à la faveur de ces fondations, tantôt pour leur servir de prétexte, l'introduction dans le Nord-Ouest de nombreuses reliques véritables ou supposées du Buddha et l'acclimatation de toute une série de légendes originaires de l'Inde centrale. Ces premières constatations trouveront bientôt leur emploi dans l'histoire de ce qu'on est convenu d'appeler l'art gréco-bouddhique (13).

KANISHKA ET LA CONVERSION DU KAPIÇA. — Arrivés à ce point de notre exposé, On ne manquera de nous faire observer que, dâns le cas d'une religion avide de prosélytes, pareille prospérité ne pouvait qu'engendrer une force d'expansion dont nous devrions retrouver quelque trace : or, nous n'apercevons aucun indice que le bouddhisme ait dès lors escaladé les gradins du plateau iranien et pénétré en force dans la région des montagnes. Assurément, le Kapiça et la Bactriane étaient restés aux mains de la maison d'Eukratidès que Ménandre eut la sagesse de ne pas entreprendre de déposséder entièrement : mais la barrière entre les deux royaumes grecs n'était pas telle qu'elle pût, ni prétendît arrêter 4e va-et-vient des marchands et des missionnaires indigènes... Nous en tombons d'accord ; pour le Kapiça les notes de Hivan-tsang ne témoignent-elles pas en faveur de l'existence d'une fondation bouddhique antérieure à notre ère ? Mais, pour ce qui est de la Bactriane, nous ne devons pas oublier qu'entre 14o et 13o avant J.-C. les Grecs en furent définitivement expulsés par les Nomades. En moins de cent ans le flot scytho-parthe, après avoir reflué autour du massif afghan, allait même achever son encerclement, puis remonter du Sud au Nord pour anéantir l'une après l'autre les deux dynasties hellènes, celle du Kapiça comme celle du Panjâb (s'upra, p. 220). Que les invasions de ces rudes peuplades semi-civilisées aient entraîné après elles leur ordinaire séquelle de meurtres, d'incendies et de pillages, c'est le contraire qui surprendrait. On ne serait pas moins surpris si l'Inde du Nord, à nouveau conquise par les barbares, ne s'était pas une fois de plus remise à la tâche d'humaniser ses féroces vainqueurs. Du double aspect que les faits historiques ont successivement revêtu aux alentours de notre ère — période de conquête et de ravages, suivie d'une période d'installation pacifique et de reconstruction — nous possédons quelques vestiges dans les inscriptions votives déjà remises au jour. Par les graffiti postérieurement gravés sur la cassette du Bajaur dont nous venons de parler et qui fut consacrée sous Ménandre, nous apprenons qu'après sa désécration elle a été de nouveau « établie » au cours du Ier siècle avant notre ère. C'est sans doute dans le même sens qu'il faut entendre le passage