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0133 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 133 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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LES RÉACTIONS OCCIDENTALES SUR LE BOUDDHISME

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ou « vêtement de lumière », soit à résorber en lui-même l'éclat de ses irradiations, pour continuer à leur dispenser son enseignement. Bien entendu, à cet auditoire d'élite il apporte (toujours, remarquez-le, par questions et réponses) des révélations bien supérieures à celles qui sont le lot commun du vulgaire. L'entretien roule avant tout sur la question du salut, qu'on veut désormais universel et déterminé par rien moins que l'identification finale du disciple avec le Maître. L'obtention de ce but idéal à la suite d'une ascension plus ou moins longue des âmes est censée dépendre de la grâce divine ; mais en même temps, par une inconséquence flagrante, elle peut s'acquérir mécaniquement soit par le geste rituel, soit par la formule sacramentelle. A ces spéculations mi-moralisantes, mi-magiques, où l'on sent parfois passer un frisson d'angoisse devant le problème du mal ou un souffle d'ardente charité, se mêlent d'extravagantes fantasmagories, mise en scène de légions de personnages mythiques, voyages à travers les mondes et les sphères, peintures des cieux et des enfers. Le tout est coupé d'interruptions et de reprises, d'hymnes et d'apologues, d'effusions dévotes et d'exposés techniques : éléments disparates et pris de toute main, rassemblés sans autre lien que des associations machinales de mots ou d'images et qui laissent cruellement transparaître la puérilité des conceptions et la pauvreté des imaginations. Trait final qui complète le tableau de ces compilations désordonnées, d'un côté comme de l'autre une verbosité sans frein et qui achève de noyer la pensée sous un flux intarissable de mots... Ce sont là, on l'avouera, de nombreuses et curieuses analogies : mais il faut reconnaître que pour l'instant la clef. nous en échappe, et nous devons nous borner à constater que la même analyse critique s'applique mot pour mot aussi bien aux écrits coptes connus sous le nom de Pistis Sophia qu'aux vaipulya-sûtradu Mahâyânisme 49).

Nous sommes cependant parvenus à l'époque qui vit en Occident l'effondrement de l'empire romain sous les coups des barbares, mais qu'on a appelé au contraire l'âge d'or, le « siècle de Périclès », ou encore la « Renaissance » de l'Hindûstân. Si civilisation signifie sécurité des personnes et des biens, liberté et facilité des communications, ordre public, extrême douceur des moeurs, abolition de la, peine de mort, oeuvres d'assistance aux pauvres et aux malades, charité même envers les animaux, parfaite tolérance religieuse, floraison des lettres, des sciences et des arts, ne craignons pas de dire que l'empire des Guptas était alors la contrée la plus civilisée de l'univers. Les sinologues feront, s'il leur plaît, une exception pour la Chine des T'ang; pour notre part, nous n'excepterons ni l'empire byzantin ni celui des Sassanides, congénitalement déchirés par les factions et les persécutions, et dont le déclin se précipite sous l'étalage de luxe de la cour : mais nous attirerons l'attention sur un fait dont, en traitant la question des rapports de l'Inde avec l'Occident, on ne nous semble pas avoir tenu suffisamment compte. Périodiquement engagé dans des guerres, à. l'Ouest avec Byzance, au Nord-Est avec les Nomades, l'Irân va pendant trois siècles entretenir $es relations courtoises avec ses voisins du Sud-Est. De ce côté la paix ne régna pas seulement, comme nous l'avons déjà indiqué ci-dessus (p. 228), sous le long règne de Shâpur II (309-379), contemporain des deux premiers Guptas; elle ne semble pas avoir été affectée par les conquêtes de Candragupta II Vikrymâditya — le patron probable du poète Kâlidâsa — lequel vers 395 annexa le Mâlva et les côtes du Surâshtra et du Gujarât aux dépens des lointains vassaux de l'Indo- Scythie. A la vérité, les Hephtalites viennent s'insérer comme un coin entre les deux empires, et pendant la seconde moitié du ve siècle et la première moitié du vle, leurs incursions troublent les communications par la grand-route du Nord-Ouest, sinon par les ports de la mer Érythrée ; mais après leur défaite et leur remplacement par les Shâhis turcs, les relations reprennent de plus belle sous les deux Khusrô et se prolongent jusqu'à la conquête musulmane de l'Irân, au temps du dernier grand empereur indien de l'Inde, Harshavardhana Çilâditya (606-647). Ajoutons que l'autorité du clergé mazdéen, tour à tour ébranlée par l'éclosion du manichéisme, l'intrusion du