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0205 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 205 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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LA RÉGION INDO-IRANIENNE

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ush (va (âne-chameau) ou khara-ostha (lèvre d'âne) ne tiennent pas debout, et il faut également renoncer à l'hypothèse de Sylvain LEvl qui cherchait le berceau de cette écriture dans le trop lointain pays de Kharoshtra (Kashgar) dans ses Notes chinoises sur l'Inde (B. E. F. E.-O., 1902-4 : trad. dans l'Indian Antiquary, t. XXXIII). La conjecture de

M. PRZYLUSKI (J. R. A. S., 1930, p. 43, traduit avec une note additionnelle dans l'Indian Antiquary) donne au contraire un sens satisfaisant et mène sans difficulté, après la chute de l'explosive intervocalique et la lingualisation subséquente de la dentale, de khdra-[p]ost£ à khar-cst£ (cf. le vdrttika à Pânini, VI, i, 94), et par étymologie populaire kharosth£. — V. aussi HILTZCH, Corpus Inscr. Ind., I, p. xLU.

5. (P. 365). Au sujet de Pilu-sâr nous devons être les premiers à reconnaître que le mot persan sar ou s(ir qui veut dire « tête, sommet, chapiteau, protubérance, etc. n signifie également « force, puissance ». Le composé Pilu-sâr, de formation analogue à celle des p£l-zahra et pil-z4r du persan moderne, pouvait donc être pris dans le même sens de « fort, puissant comme un éléphant =. Cette acception aurait le double avantage de rendre plus facilement explicable le transfert au Kapiça d'un génie du Panjâb (cf. supra, p. 256) et de justifier la transcription sanskritisante de Hivan-tsang. Mais, d'autre part, il ne faut pas oublier que la protomè d'éléphant des monnaies de Kâpiçi — document précis et qui ne saurait être négligé — nous atteste, dés avant l'introduction du bouddhisme, l'existence d'un culte rendu dans le voisinage de la ville à une image svayambha de tête ou d'avant-corps d'éléphant; et la croyance locale attachée a cette roche miraculeuse aura provoqué la déformation populaire de la légende indienne en même temps que favorisé sa transplantation. Aut ex re nomen, aut ex vocabulo fabula : les deux origines possibles semblent s'être ici enchevêtrées. — Au sujet de Si-p'i-to-fa-la-sseu, cf. P. PELLIOT, dans le J. A. janv.-mars 1923, p. 162, et le T'oung Pao, 1923, p. 114,

n. 2; MARQUART, Festschrift Sachau, p. 265-6. M. P. PELLIOT rétablit Spêtavar2z, le « Sanglier blanc; on pourrait aussi songer au vieil iranien varaz dans son sens de « lieu, séjour, demeure n (v. les citations données par BARTHOLOMAE,

Altiran. W''orterbuch, col. 1424), dont le prolongement moderne serait parzah, « habitation princière » : auquel cas la dénomination évoquerait celle du « Château blanc n mentionné par HIRODOTE (iii, (.1) à Memphis et où — fait à retenir — les Perses tenaient garnison. Dans cette « place inébranlable n située à proximité (4o li) de Kâpiçf et que Hivan-tsang croit devoir signaler bien qu'elle ne contienne aucun sanctuaire bouddhique, n'aurions-nous pas affaire au pendant perse de l'Alexandrie-sous-Caucase des Grecs, c'est-à-dire à la place forte chargée de surveiller la capitale du pays au temps de la domination achéménide ? Tout cela s'éclaircira un jour. — Les deux équivalences suggérées ci-dessus sont celles qui, sur place, nous ont paru les plus plausibles; mais nous ne prétendons nullement résoudre du même coup la question des transcriptions chinoises, dont le délicat maniement doit être laissé aux seuls spécialistes. C'est ainsi que, nous avertit M. P. PELLIOT, la transcription Pi-lo-so-lo (avec un deuxième lo = • lak) est faite en réalité sur Pilusârag. De même, pour ce qui est du nom d'arbre, n il faut transcrire pi-to-k'ia et la restauration théorique est

  • vêdakka ou • vedakkha n. Toutefois, nous pensons qu'il ne faut pas attribuer trop d'importance à cette terminaison -ak, fréquente en pehlvi (ex. tokhmak, n œuf n, en face de tokhnz) et dont nous avons noté l'emploi courant dans l'usage régional, même après des formes verbales (ex. sarak, n sentier n, en face de sara ; bddak, n il fut n, en face de bad, etc.) : ce suffixe semble avoir de bonne heure perdu toute valeur sémantique.

  1. (Do). Trad. Stanislas JULIEN, I, p. 40, et II, p. 179.

  2. (P. 370). Vaut-il la peine d'avertir le lecteur que ce dernier paragraphe est emprunté sans aucun changement à la conclusion d'une conférence faite à l'Université de Genève en 1928, peu après notre retour d'Asie, et quand il était encore permis d'espérer que la • guerre mondiale de 1914-18 serait la dernière? L' « ordre nouveau ► qui doit sortir de celle en cours ne se laisse pas encore deviner : mais déjà il nous apparaît que nos conclusions réclameront bientôt, sous une autre plume que la nôtre, une mise au point nouvelle. C'est en vain que l'histoire, toujours dépassée, s'essouffle à vouloir rattraper le temps.