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0164 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 164 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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33o   LES INFLUENCES ARTISTIQUES

auquel nous avons naguère soumis la production de l'école nous permet en effet d'affirmer en connaissance de cause que, gréco-bouddhique dans ses scènes figurées et ses statues, elle est dans ses décors et ses cadres irano-indo-grecque. Dès lors il apparaît clairement qu'en Européens que nous sommes, nous avons trop exclusivement porté notre attention sur le colonisateur Yavana au détriment du conquérant iranien et du fond de population indigène qui furent, avant lui et au même titre que lui, parties prenantes et contribuantes dans l'affaire embrouillée dont nous nous évertuons à démêler les fils.

L'ÉLÉMENT IRANIEN. — A la vérité, l'aveu de cette dernière omission — du moins est-elle la dernière que nous apercevions — ne nous coûte guère, et nous ne nous sentons pas embarrassés pour la réparer. Ainsi qu'on a pu le voir ci-dessus (ch. Iv), nous ne sommes pas de ceux qui font commencer l'histoire indienne avec Alexandre. Tout au contraire, nous avons insisté sur l'importance et la durée de la souveraineté achéménide dans les Indes du Nord et de l'Ouest, et nous croyons même avoir démontré que•l'audacieux Macédonien n'a fait en somme que la rétablir dans ses anciennes limites, quand la faiblesse des successeurs de Cyrus le Grand et de Darius Ier l'eut laissée s'effriter. Il ne serait même pas exagéré de dire que toute l'action exercée dans l'Inde par lui, au cours de son raid éphémère, et, après lui, par les premiers Séleucides, grâce aux relations courtoises que ceux-ci entretinrent avec les Mauryas, doit être surtout portée à l'actif de l'influence iranienne, laquelle pénétra du coup jusqu'au Magadha. Après tout, vus de quelque distance et de l'Est, qu'étaient Alexandre et les Diadoques sinon les héritiers du Grand Roi ? Et pouvons-nous oublier ici que la grand-route d'Occident en Orient traversait forcément la Perse ? On a depuis longtemps relevé l'origine araméenne de l'écriture qui a régné dans le Nord-Ouest à partir du me siècle avant notre ère : elle est évidemment dérivée de celle qu'employaient les bureaucrates achéménides et qu'utilise d'ailleurs un fragment d'inscription découvert à Taxila. Et toujours dans cette ville, sans qu'il soit besoin de descendre jusqu'à Multân, nous trouvons, dans le temple de Jandiâl comme dans tel texte de Strabon sur la coutume taxilienne d'exposer les morts aux vautours, des preuves certaines de cultes et de rites iraniens (21). On ne sera donc pas surpris que, le moment venu, nous devions et puissions également recenser les marques durables que l'art iranien, lui-même composite, a imprimées sur l'art indien, et pas seulement sur celui du Nord-Ouest de l'Inde. Le pèlerin chinois Fa-hien a encore vu en ruines à Pâtaliputra (Patna) les superbes édifices bâtis par Açoka et qui — tels ceux d'Angkor au Cambodge — passaient aux yeux des générations postérieures pour être l'oeuvre merveilleuse de génies surnaturels. Or les fouilles dirigées à Patna par un archéologue prématurément enlevé à nos études ont révélé que ces palais reproduisaient le plan de ceux de Persépolis aussi visiblement que le château royal de Schcenbrunn est imité de celui de Versailles; et, sous l'impression profonde que lui causa cette découverte, le docteur D. B. Spooner a pris à tâche de recueillir dans des articles retentissants, et qui firent alors scandale parmi les indianistes et chez les Indiens, tous les indices que nous possédons de l'influence iranienne. Nous n'avons pas à le suivre dans les quelques exagérations où l'ont entraîné des vues que leur nouveauté rendait alors passionnantes ; mais chacun doit reconnaître que, non moins familier avec les textes qu'avec les monuments, il a montré de la façon la plus plausible que le souvenir des talentueux constructeurs perses s'est perpétué dans la tradition sanskrite sous la transparente dénomination de l'Asura Maya, l'architecte des Daityas ou Asuras, ces sortes de Titans dont dans l'imagination populaire le conquérant achéménide avait revêtu la physionomie; et nous nous plaisons pour notre part à déclarer qu'à ce point de notre exposé sa thèse apporte l'explication de bien des faits jusqu'ici mieux connus qu'interprétés (22). Tout d'abord, ce que nous n'hési-