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0124 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 124 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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290   LES PROPAGANDES RELIGIEUSES

tion, des deux grandes religions qui allaient se partager l'Ancien monde, nous paraît attester que les cercles où ils ont été rédigés n'étaient pas seulement foncièrement différents, mais encore totalement étrangers l'un à l'autre, 'bien qu'entr'ouverts tous les deux aux influences de l'Irân. Tout compte fait, il ne reste qu'un bref chapitre du Lalita-vistara qui rende une résonance plus judéo-chrétienne qu'indienne : nous voulons parler du ville, celui, de la « Présentation au Temple » (Diva-kula-upanayana) ; mais quel indianiste au courant de l'extraordinaire diversité d'échantillons ethniques et religieux que présente à l'observateur le pays de ses études oserait affirmer que jamais ni nulle part aucune tribu de l'Inde n'a pratiqué le rite de présenter ses nouveau-nés au dieu du clan?

Vaut-il la peine de faire remarquer que la seule chance d'emprunt qui offre quelque résistance à l'analyse serait selon nous à la charge du bouddhisme ? Le fait que ce dernier antidate le christianisme de cinq siècles ne lui crée nullement, dans la question des influences réciproques, la sorte de droit d'aînesse que des esprits simplistes ont cru pouvoir d'emblée lui conférer. D'une façon générale il nous est apparu que, depuis sa première rencontre historique avec l'Occident, l'Inde n'a jusqu'ici joué qu'un rôle purement passif; et dans le cas particulier de la seule de ses religions qui manifeste des prétentions à l'universalité, c'est à peine si elle achève de parfaire ses manuels de discipline et ses recueils de dialogues doctrinaux, et commence à composer les ouvrages de dévotion et d'édification nécessaires à sa propagande étrangère. Aussi une intervention bouddhique quelconque dans la rédaction du Nouveau Testament paraît-elle encore plus invraisemblable que l'intrusion d'un motif judéo-chrétien dans le cycle de la Nativité du Buddha. Le temps viendra bientôt — mais pas avant que, de part et d'autre, les traits essentiels de la biographie du fondateur n'aient été fixés sous leur forme originale et de tous points divergente — où des rapports et même des contacts directs s'établiront entre les deux grandes religions à missionnaires; et dans ce rapprochement des sphères de leur activité, c'est encore le christianisme qui, en s'obstinant malgré l'opposition des mages à s'infiltrer jusque par delà l'Irân, a accompli le pas décisif. Dès la fin du second siècle, au temps où la tradition place également le voyage de l'Alexandrin Pantænus dans l'Inde, l'église d'Édesse, fille de celle d'Antioche, est fondée; et bientôt elle recueille comme un héritage, en même temps que les reliques de Judas Thomas et le soin de rédiger ses Actes, la tâche d'évangéliser l'Orient. De son école, comme de celle de Nisibe, sortent quantité de clercs syriens, mésopotamiens ou persans qui deviennent autant de propagandistes de la foi et réussissent, en dépit des persécutions de Shâpur II (340-379) et de plusieurs de ses successeurs, à organiser en Irân diocèse après diocèse. Au premier concile de Séleucie (410) nombre d'évêques seraient venus des diverses provinces de l'empire sassanide ; au second (486) se serait rendu celui d'Hérât. Bientôt sur les listes des sièges épiscopaux figurent ceux de Mery et du Tokhârestân; et grâce à la fameuse stèle nestorienne de Si-ngan-fou, chacun sait que les chrétiens finiront par pénétrer de là en Asie centrale et jusque dans la capitale chinoise. D'autre part, entre 52o et 525, Kosmas Indikopleustès n'a pas seulement ouï parler de leur présence en Bactriane ; il a en personne visité, tant dans les îles de Socotora et de Ceylan que sur la côte du Malabar, des chrétiéntés dépendant d'un évêque consacré en Perse : renseignements dignes de toute créance, si l'on songe au magnifique exemple de tolérance religieuse que l'Inde prospère et policée de la période Gupta donnait au reste de l'humanité (8). Les Hephtalites, il est vrai, n'allaient pas tarder à jeter une note terriblement discordante dans cet harmonieux concert. Il n'en reste pas moins qu'avant leur funeste invasion l'église chrétienne d'Orient et l'église bouddhique de l'Inde du Nord étaient devenues tout au moins limitrophes en Afghânistân sous la commune juridiction des Sassanides, et que les adhérents des deux religions se coudoyaient dans les ports de la côte occidentale de la péninsule. Que voyons-nous qu'il en soit résulté ?