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0219 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 219 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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NOTES ÉPIGRAPHIQUES   3$5

Ainsi ni l'une ni l'autre épigraphe ne semble susceptible d'une traduction suivie; mais comme Sir John Marshall en a fait aussitôt la remarque, leur seule existence achève de démontrer que l'alphabet kharoshthî, dont à partir du me siècle avant J.-C. nous trouvons l'usage établi dans l' a Inde du Nord », est bien dérivé de celui dont se servaient les scribes araméens employés par les services administratifs dans toutes les provinces de l'empire perse, depuis l'Asie Mineure jusqu'à l'Inde (I).

LES,INSCRIPTIONS GRECQUES: Il n'y en a toujours aucune de connue, pas plus en Afghânistân qu'au Paillai); et il est difficile de ne pas s'étonner de leur totale absence alors que tant de vestiges matériels confirment la présence dans ces deux contrées au IIIe, et surtout au He siècle avant notre ère, d'une colonie grecque relativement peu nombreuse sans doute, mais (tout comme l'actuelle colonie anglaise) jouant dans la vie publique et sociale un rôle capital, hors de toute proportion avec son effectif. Tandis que des milliers de magnifiques monnaies éternisent près de la postérité les noms et titres de tant de dynastes par ailleurs inconnus, comment n'a-t-on pas retourné dans un champ ou dégagé d'un vieux mur la moindre trace épigraphique de leur passage? Nous savons que quelques officiers de la Grande Armée napoléonienne ont pris, il y a cent ans, du service dans les troupes du monarque Sikh, Ranj it Singh : aussi nous a-t-il été donné de lire sur une pierre tombale, dans le quartier d'Anarkali à Lahore, cette inscription en français : « Louise Allard, six mois », et de dénicher au bâzâr de Kâbul, dans l'échoppe d'un brocanteur, une cuirasse du Premier empire. Or, les ustensiles de- fabrication grecque, que leur cachet artistique rend si faciles à reconnaître, ne manquent pas plus à Kâpiçî qu'à Taxila : comment, ici et là, les fouilles n'ont-elles pas rendu au moins une inscription funéraire en langue et en écriture helléniques? A cela on pourrait répondre qu'en matière de conservation des documents, ceux-ci seraient-ils gravés sur pierre, le temps compte pour beaucoup. Depuis le xvue siècle, un aventurier britannique avait à Kâbul sa tombe avec une épitaphe en anglais : c'est en vain qu'on la cherche aujdurd'hui. A plus forte raison le laps de plus de deux millénaires rend-il bien aléatoire la chance de jamais remettre la main sur un cippe conservant le souvenir d'une de ces sentinelles les plus avancées de l'hellénisme qu'étaient les Yavanas de l'Inde. Faut-il en désespérer cependant ? Pour notre part nous ne le croyons pas ; et un précédent récent nous induit même à penser que la patiente persévérance de nos successeurs pourrait être un jour récompensée. Comme le fait judicieusement observer M. W. Tarn, il a fallu attendre presque une génération avant que les fouilleurs de Suse tombassent enfin sur un nid d'inscriptions grecques (2) ; or aucune des villes anciennes mentionnées en Afghânistân par nos auteurs classiques n'a encore été explorée à fond.

LES INSCRIPTIONS KHAROSHTHI. — Avec sa large compétence d'helléniste, M. W. Tarn, dans le passage que nous venons de citer, attire également l'attention des indianistes sur un fait qui, s'ils avaient pris soin d'y réfléchir, n'aurait pas manqué de leur paraître fort surprenant. Il est, croit-il, sans exemple qu'en Égypte ou dans l'Asie antérieure des Grecs aient jamais utilisé pour leurs inscriptions votives les langues et écritures indigènes. Au contraire, dans l'Inde nous connaissons déjà un nombre impressionnant de ces proskynemata émanant de fonctionnaires ou de trafiquants d'origine hellénique et qui néanmoins sont rédigés dans le prâkrit local et gravés en alphabet kharoshlhî dans l'Inde du Nord, en alphabet brâhmî dans celle de l'Ouest (3). — La cause en est, dira-t-on peut-être, que ces dédicaces, à quelques détails de calendrier près, sont des copies manifestes, et d'ailleurs avouées, de formules rituelles proprement indiennes. — Nul ne songe à en disconvenir; mais le curieux de l'affaire réside justement dans cette concession, si inattendue de la part de l'orgueil hellénique, aux us et coutumes d'un peuple conquis. Il est impossible de ne pas

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