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0146 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 146 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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312   LES INFLUENCES ARTISTIQUES

Ce n'est pas tout encore ; et voici qu'enfin, d'approche en approche, nous arrivons au pas décisif. Ce n'est pas d'un art indo-grec quelconque que nous recherchons le berceau dans la région du Nord-Ouest, mais bien d'un art gréco-bouddhique. Chacun en conviendra, un tel art n'a pu éclore que dans un pays où se sont trouvées en contact prolongé, d'une part une haute société grecque employant un nombre suffisant de praticiens de talent pour prêcher d'exemple, de l'autre une communauté bouddhique assez cultivée pour se piquer d'émulation et assez prospère pour assumer les frais de la décoration de ses fondations religieuses. Or, que nous ont appris tour à tour les précédents paragraphes, d'une part sur le roman d'aventures des Yavanas et, de l'autre, sur l'introduction du bouddhisme par delà les confins de l'Inde du Nord ? Ils ont historiquement établi ces deux points : Io Dès 13o avant notre ère, devant l'inondation des hordes nomades, les Grecs ont dû évacuer la Bactriane et se replier au Sud de l'Hindûkush ; 20 les bouddhistes n'ont constitué en Bactriane une congrégation suffisamment nombreuse et riche pour se bâtir des sanctuaires et des couvents en matériaux durables et d'un style décoratif que vers la fin du He siècle après notre ère. Ainsi les deux facteurs indispensables à la formation de l'art gréco-bouddhique ont manqué de trois cents ans l'occasion de se rencontrer en Bactriane. Devant ce constat il est peu probable que personne s'entête à prétendre qu'ils ont pu fonder ensemble une école artistique dans un pays où ils n'ont jamais coexisté.

Qu'on veuille bien nous excuser, alors que nous disposions d'un tel argument-massue, de n'avoir avancé dans notre démonstration que pied à pied avec une lenteur calculée : sur un terrain depuis si longtemps encombré de controverses, il convenait d'assurer chaque pas avant d'en tenter un nouveau. Mais cette fois nous croyons avoir délogé de leurs derniers retranchements, sans aucun échappatoire possible, des préjugés encore régnants, quoique entachés d'erreur. Désormais, il n'est plus seulement vraisemblable, il est vrai de dire que l'art indo-grec est né, comme il est naturel, sur territoire indien et non iranien, et que les images gréco-bouddhiques, de même que les monnaies bilingues, n'ont été inaugurées que là où le besoin s'en est fait d'abord sentir, à savoir sur le versant méridional de l'Hindûkush. La fécondité tant de fois vérifiée de la plaine riveraine de l'Indus en vestiges de la bonne époque contraste, prospection faite, de façon certaine avec la stérilité et le caractère tardif des rares ruines bouddhiques du bassin de l'Oxus ; et c'est justement là ce que l'histoire nous invitait à prévoir. Il n'y a donc pas d'apparence que les conclusions auxquelles nous sommes actuellement conduits puissent être appréciablement modifiées par les futures

recherches. De toutes façons la Bactriane est mise une fois pour toutes hors de cause dans la question du berceau originel de l'école gréco-bouddhique et nous pouvons considérer comme démontré que c'est au Gandhâra, et plus précisément encore aux abords de sa capitale Pushkarâvatî-Peukélaôtis, que celle-ci a trouvé à la fois le terroir géographique et le climat historique favorables à son éclosion.

III. LA DATE

Comme bien on pense, le lieu de la naissance une fois fixé, la date de celle-ci devra suivre. Le problème est à présent nettement circonscrit. Il s'agit de déterminer à quel moment les conditions optimae pour la production de l'École se sont trouvées réunies sur un territoire bien connu. Le postulat de base reste la juxtaposition et même l'interpénétration d'une colonie grecque acclimatée et d'une église bouddhique en mal de fondations pieuses; et son énoncé seul nous avertit que le produit cherché ne jaillira pas de leur premier contact. Il ne faudra pas seulement que les