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0182 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 182 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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LES INFLUENCES ARTISTIQUES

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domaines et où s'exerça sa rage de destruction. Dès lors il n'est plus permis de croire, comme nous le faisions naguère, que l'école se soit éteinte entre 530 et 540 de notre ère. Il se pourrait même qu'une partie de son oeuvre modelée ne date que de la période de la dynastie turque et ait été exécutée, sinon dans le Gandhâra ruiné et dépeuplé qu'a visité Hivan-tsang, du moins dans celui qu'un siècle plus tard (vers 753) Wou-k'ong a trouvé en train de réparer ses ruines. Il faudra s'en souvenir désormais. Par bonne chance, un détail matériel semble devoir servir à distinguer cette heureuse survivance en même temps qu'à l'expliquer. Avec le temps et l'expérience on s'était en effet avisé que le procédé de la terre cuite joignait aux avantages de l'argile une durabilité bien supérieure à celle du stuc : de terra-cotta sont, nous spécifie-t-on, les têtes d'Ushkar et de Jammu, et du même coup s'ouvre un nouveau chapitre, lequel n'est pas près de se fermer. Qu'on se rappelle les quelques lignes où l'infatigable pionnier de nos études, Al. Cunningham, a résumé les résultats de sa longue expérience des plaines de l'Hindûstân : « Sur tous les sites anciens, nous dit-il, on trouve en abondance des briques soit sculptées, soit modelées; et je suis arrivé à la conviction que beaucoup des plus fameux monuments de l'Inde septentrionale au temps de l'invasion musulmane devaient être bâtis entièrement en briques et étaient décorés d'ornements et de hauts-reliefs en terre cuite... ». On ne peut davantage oublier que ce procédé de décoration s'est propagé jusque sur les stûpa de l'Inde transgangétique (4r), où un dernier perfectionnement a consisté à recouvrir la terre cuite d'une couverte émaillée pour la rendre plus résistante aux intempéries. Et comment enfin ne pas signaler une fois de plus qu'ainsi que le savent tous les touristes, l'art du fabricant de statuettes d'argile est l'un de ceux qui se sont le mieux conservés dans l'Inde jusqu'à nos jours ?

Il nous faut nous borner ici à donner ces brèves indications ou, si l'on préfère ainsi dire, à poser ces quelques pierres d'attente pour l'avenir : on devine assez quelles vastes et encourageantes perspectives viennent s'offrir aux historiens de l'art indien. Nous avons déjà vu tout à l'heure l'école du Gandhâra, à l'aide de procédés techniques bien supérieurs et avec un respect infiniment moindre de la coutume, prendre chronologiquement la suite de la vieille école indienne, puisque ses premières productions se sont découvertes contemporaines des dernières portes de Sâiichî. Voici qu'à présent la brèche qui paraissait se creuser entre l'extinction de la sculpture gandhârienne vers la fin du me siècle et la floraison de la statuaire Gupta à partir du ve est à son tour comblée par ces récentes découvertes. Aucun intervalle de temps ne sépare plus les Buddhas tardifs du Nord-Ouest d'avec leurs congénères d'Ajantâ ou de Sârnâth. Mieux encore, nous commençons à entrevoir comment ont été franchies les distances qui les séparent dans l'espace, puisque nous pouvons déjà suivre hors de l'aire proprement gandhârienne la diffusion du nouveau style non seulement du côté de l'Asie centrale, ce qui est déjà bien connu, mais, ce qui était resté jusqu'ici beaucoup moins clair, vers l'intérieur de la péninsule. Ainsi peu à peu les trouvailles éparses commencent à s'organiser en autant de chaînons d'une suite historique continue : consolante constatation, car à ce signe certain se reconnaît le lent, mais constant progrès de nos études.

LE GANDHARA, TERRE D'ART. - Pour théorique qu'elle soit, la courbe évolutive que nous venons de retracer peut remplir provisoirement les exigences méthodiques d'un iconographe : elle ne saurait satisfaire les archéologues qui se piquent d'être en même temps des critiques d'art. Pour juger de l'exceptionnelle valeur esthétique de ces morceaux de stuc, il n'est que de feuilleter, par exemple, les 112 planches du t. III de Hadda. Passons rapidement sur les têtes de Buddha, figées dans leur traditionnelle sérénité et non exemptes de quelque académique froideur : la diversité des autres n'a d'égale que la variété des opinions déjà émises sur leur compte. Devant telle face émouvante de Bodhisattva(pl. XXXII I), son inventeur n'a pas craint de prononcer le nom de Scopas.