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0131 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 131 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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LES REACTIONS OCCIDENTALES SUR LE BOUDDHISME

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nier) permettra aux experts de se faire sur ce point une opinion raisonnée; car en ces matières le dernier mot appartient aux textes (16).

LES INFLUENCES LITTÉRAIRES. — Nous voici inévitablement amenés, ainsi que nous l'avions prévu dès le début, à une étude comparative, si superficielle soit-elle, non seulement des traités de discipline, mais aussi des autres ouvrages religieux grecs, syriaques, iraniens ou indiens : car, en dépit de l'universelle prétention à l'ésotérisme le plus mystérieux, le fond commun des mythes et des sentiments qui se font alors écho d'un bout du monde à l'autre bout n'a pu échapper au besoin d'être partout fixé par l'écriture, et ces écrits sont forcément comparables entre eux. Même dans ce rapide aperçu nous ne pouvons nous dispenser de toucher un mot des transmissions livresques, tout autant qu'orales, qui intervinrent alors entre l'Inde et l'Occident. Bien que présentement réduite à quelques faits saillants, l'enquête, de ce côté non plus, ne restera pas stérile ; car, on s'en aperçoit toujours mieux à mesure que progressent les études, la difficulté résulte moins de la disette que de la surabondance de rapprochements possibles et même vérifiables, mais non encore vérifiés. Il nous faudra seulement, comme ci-dessus, distinguer les époques. Pendant la première, laquelle atteint son point culminant au He siècle de notre ère, les modèles viennent de l'Asie antérieure; suit une période indécise où l'on hésite de nouveau à se prononcer entre un simple constat de parallélisme ou une accusation de plagiat ; mais à partir du ve siècle nous voyons nettement se colporter de l'Inde à travers l'Irân jusque dans nos littératures européennes des oeuvres destinées à y connaître un long succès.

Une influence surtout formelle, mais néanmoins très significative puisqu'elle se traduit par l'introduction dans la péninsule d'un de nos genres classiques, a déjà été signalée par notre maître Sylvain Lévi dans un article posthume du Journal Asiatique : nous ne saurions mieux faire que d'y renvoyer le lecteur. Résumons brièvement les faits. Horace, en bon disciple d'Épicure, remet l'Épître à la mode. Un siècle plus tard Sénèque et saint Paul la mettent au service de la philosophie et de la religion. Au Ille siècle Mânî reprendra pour les besoins de sa propre propagande l'exemple des apôtres, et l'on connaît de lui nombre d'Épîtres, dont une au moins « aux Indiens », commençant par une formule imitée des lettres pauliniennes. Mais dès le He siècle avaient déjà paru dans l'Inde deux lêkha en vers, adressés l'un par le vieux moine-poète Mâtricêta au conquérant étranger Kanishka, l'autre par le fameux docteur Nâgârjuna à «son ami» le monarque du Dékkhân Çâtavâhana. Or, remarque Sylvain Lévi, « ces deux lettres sont bien des épîtres au sens technique du mot, des leçons d'un caractère général adressées à un destinataire particulier » et, par voie de conséquence, dans un pays « de tout temps réfractaire au genre épistolaire... des concessions à un goût venu du dehors ». Concluons donc avec lui : « La soudaine floraison de l'Épître auprès des deux grands souverains de l'Inde entre le Ier et le He siècle de l'ère chrétienne montre aussi clairement que l'activité des ports de mer et que leur rôle dans la politique intérieure de l'Inde combien dans cette période privilégiée l'Inde est étroitement solidaire du monde occidental » (i7).

A cette brillante démonstration nous voudrions ajouter une confirmation indirecte : nous croyons en effet que le cas n'est pas isolé et que les mêmes auteurs (et avec eux Açvaghosha), sous l'action des mêmes inspirations étrangères, ont introduit dans la littérature bouddhique un autre genre littéraire, celui des hymnes. Le point de départ de notre hypothèse réside dans le fait bien établi, et déjà attesté par une lettre de Pline le Jeune (X, 97), que la liturgie de l'Église chrétienne orientale comportait dès l'origine l'exécution de cantiques (carmina) glorifiant le Christ, Dès le début du He siècle les hymnes composés par les gnostiques chrétiens sont célèbres, à corn. mencer par ceux de Basilide. C'est pour contre-balancer le charme séducteur de ceux de Bardesane,

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