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0194 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 194 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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36o   CONCLUSIONS

l'avons vu, avec les Achéménides, et la période achéménide s'ouvre par les expéditions d'exploration autant que de conquête qui menèrent d'emblée Cyrus et Darius Ier jusqu'aux limites les plus orientales de la région contestée : car les nouvelles satrapies du « Ga(n)dâra » et du « Hindu » embrassent à elles deux tout le bassin de l'Indus, y compris ses affluents de gauche jusqu'à la Biâs, à partir de leur sortie des montagnes. C'est là, ne l'oublions pas, l'Inde d' Hérodote et de Ktésias telle qu'ils nous la décrivent d'après leurs informateurs, « bornée à l'Est (de 1'Irân) par un désert de sable »; et ce sera aussi la seule que reconquerra Alexandre. L'administration perse y introduit avec elle son système de poids et mesures, et l'écriture araméenne de ses bureaucrates a tôt fait d'engendrer sur place, avec la collaboration des lettrés indigènes, un alphabet adapté à la représentation graphique du vieil-indien. Au point de vue religieux, c'est à cette époque lointaine qu'il faut faire remonter l'érection de ces temples du Soleil qui devaient rester desservis par des « brahmanes-mages »; et les sortes de « tours-du-silence » signalées par Aristobule à Taxila y attestent la persistance, longtemps après le retrait de la souveraineté achéménide, d'une forte colonie perse. Intellectuellement l'influence occidentale se fit également sentir. Assurément Pânini n'a rien d'un linguiste comparatiste : mais la connaissance, inévitable pour un natif du Gandhâra, d'un idiome à la fois voisin et étranger, l'a sûrement aidé à prendre pleinement conscience des caractéristiques de sa propre langue et à résumer dans son définitif mémento la doctrine grammaticale de son temps. Et d'autre part, quand on voit qu'en dépit des préjugés déjà régnants chez les orthodoxes contre les marches indiennes, Taxila a gardé longtemps sa vogue comme centre d'études, et notamment d'études astronomiques et médicales, on ne peut se défendre de penser que c'est à la vulgarisation des notions scientifiques déjà accumulées dans l'Asie antérieure que ses docteurs durent leur réputation. Au point de vue artistique enfin, c'est de l'architecture et de la sculpture de la Perse (et non de la Grèce) que les fouilles nous ont révélé l'influence au Magadha; et non moins que l'art impérial d'Açoka, les marques de maçons incisées et le style des bas-reliefs sculptés sur les balustrades des plus anciens stûpa conservés nous ont forcés à inférer l'existence dans le Nord-Ouest, dès le milieu du me siècle avant notre ère, d'ateliers indo-iraniens dont les donateurs de l'Inde centrale ont requis les services (cf. supra, p. 331 s.).

La réaction indienne (Ille siècle). — Nous n'avons aucune preuve tangible que, sous le troisième et le plus grand empereur de la dynastie Maurya, la propagande quasi officielle du bouddhisme ait introduit avec elle jusque dans le Gandhâra la vieille symbolique de la péninsule intérieure et fourni localement de la besogne à ces mêmes ateliers; car il ne nous reste que d'informes ruines des stûpa « vieux style », dits d'Açoka, qui s'élevèrent dès lors dans la région de l'Indus. Mais la survivance fréquemment constatée dans le répertoire de l'école gréco-bouddhique d'éléments empruntés à l'Inde centrale nous assure que les premières fondations bouddhiques de l'Inde du Nord durent recevoir une décoration analogue à celle de $arhut ou de Bodh-Gayâ. Par ailleurs, textes, inscriptions et monuments s'accordent pour attester la promptitude et l'étendue de la diffusion de la plus indienne en même temps que de la plus universelle des religions de l'Inde — la seule qui soit vraiment sortie des entrailles d'une contrée où vêdisme et brahmanisme n'ont été après tout que des articles d'importation. Ce n'est pas un pur effet du hasard qui a suscité vers le même temps zoroastrisme et bouddhisme : mais si ces deux grands mouvements religieux ont ceci de commun d'être une protestation de l'esprit et du coeur contre la cynique amoralité des croyances et la sanglante cruauté des rites « vieux aryens », le contraste n'en est pas moins grand entre eux du fait que le premier restait, malgré tout (de même que les spéculations des Upanishads), l'eeuvre d'une aristocratie aryenne, tandis que le second traduisait les aspirations populaires de la partie la moins aryanisée du bassin du Gange. On le vit bien quand l'élan imprimé