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0105 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 105 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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LA PROPAGANDE BOUDDHIQUE   271

naturalistes de jâdis au type nouveau des religions à fondateur. Le besoin, vite éprouvé, de constituer une biographie du Maître a naturellement conduit à compiler également la chronique de l'Église, et engendré un souci d'histoire jusque dans des cerveaux indiens.

La date initiale du mouvement une fois fixée, il reste à déterminer aussi exactement que possible l'aire géographique qu'a couverte du premier coup la propagande bouddhique sous l'élan que lui avaient imprimé le zèle et la puissance d'Açoka. Et d'abord qu'entend-il par ces « Yônas, Kambôjas et Gandhâras » dont il nous parle ? Trois points, qui pour notre objet représentent tout l'essentiel, ressortent de la lecture même de ses inscriptions : la composition grammaticale des trois noms souligne la relative proximité des trois peuples; tous trois sont désignés dans le ye édit comme habitant les marches occidentales (âparânta) ; enfin le XIIIe édit prend soin de stipuler que, par opposition aux Yônas sujets des cinq diadoques dont il est question dans la phrase précédente, ceux-ci font bien partie du domaine royal. Mais la plupart des commentateurs ne tiennent pas suffisamment compte du fait que, depuis le début jusqu'à la fin du IIIe siècle avant J.-C., l'empire des Mauryas s'étendait 'au Nord-Ouest jusqu'à l'Hindûkush, à l'Ouest jusqu'à l'Arie et au Séistân, bref qu'il embrassait sur la rive droite de l'Indus la majeure partie de l'Afghânistân et du Bélûchistân actuels. Ce simple rappel élargit singulièrement le territoire où loger les trois populations frontières, qu'on était jusqu'ici trop porté à entasser dans le seul bassin de la rivière de Kâbul. En fait cette dernière localisation n'est certaine que pour les Gandhâras : et encore faudrait-il savoir l'extension exacte attribuée par la chancellerie impériale des Mauryas à ce terme hérité de celle des Achéménides (supra, p. 193). Si restreint qu'il soit devenu au cours des temps, il n'était sans doute pas limité au seul district de Pushkharâvatî (de Purushapura-Peshâwar il n'était pas encore question), mais remontait à l'Ouest tout au moins jusqu'à Jelâlâbâd et corilprenait à l'Est cette ville riche, lettrée et turbulente de Takshaçilâ dont naguère, comme prince héritier, Açoka avait réduit la rébellion avant de devoir confier le même soin à son fils. Dans les Yônas ou Yavanas de l'empereur, on était au premier abord tenté de voir les gens de l'ancienne province gréco-perse des Pafopanisades, réduite dès le temps d'Alexandre aux Lampaka et Kapiça (supra, p. 204) : car le terme de Yavana s'appliquait dès lors aussi bien aux Iraniens qu'aux Hellènes; mais justement pour cette raison on peut tout aussi bien « songer à ces territoires orientaux de la Gédrôsie et de l'Arachôsie que Séleucos avait cédés à Candragupta ». C'est Émile Senart qui en a fait le premier la remarque et, pour notre part, nous ne serions nullement surpris que l'exploration du pays de Jâguda ne vienne quelque jour démontrer la justesse de cette conjecture (cf. infra, p. 273). Du même coup tout le Kôhistân ou arrière-pays montagneux de Kâbul et ses environs redeviendrait disponible pour y placer, au moins en partie, ces mystérieux Kambôjas ou Kambôyas, dont nous ne savons pratiquement rien sinon que, plus iraniens qu'indiens, ils se coupaient les cheveux et élevaient une race de chevaux justement fameuse. L'histoire de leur nom, inconnu des inscriptions de Darius Ier et des histoires d'Alexandre, mais déjà familier à Pânini, tend en effet à travers toute une série de textes à les localiser dans l'extrême Nord-Ouest de l'Inde et même, grâce à une mention gravée sur le fameux chapiteau aux lions de Mathurâ, à les faire reconnaître pour un clan royal d'entre les Çakas -- le même qui aurait déjà donné au père et au fils de Cyrus leur nom de Kambujiya (Cambyse) : mais nous devons avouer qu'au cours de nos pérégrinations nous n'avons recueilli aucun renseignement nouveau sur leur compte et nous sommes ici pour dire ce que nous avons cru voir ou entendre, non ce que nous avons lu (4).

En résumé, sur ce que nous sommes convenus d'appeler le premier bond du bouddhisme en direction du Nord-Ouest les textes épigraphiques nous apportent à leur habitude des données certaines, mais qui, très claires dans leur brièveté pour ceux qui les rédigèrent, le sont beaucoup

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