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0134 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 134 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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LES PROPAGANDES RELIGIEUSES

christianisme et le mouvement communiste de Mazdak, ne pouvait plus opposer un obstacle aussi préjudiciable que naguère (supra, p. 282) aux échanges intellectuels et aux influences religieuses. On comprendra donc que nous attribuions plus volontiers aux loisirs lettrés de la période Gupta qu'au bref intermède indo-grec non point assurément tous les plagiats que l'Inde aurait faits à la science et à la littérature hellénistiques, mais du moins ceux d'entre eux qui ont pris un caractère nettement livresque. C'est mal poser la question que de parler, comme on fait d'ordinaire, d'emprunts (aussitôt contestés que dénoncés) à l'astronomie d'Hipparque, à. la géométrie d'Euclide, à la médecine d'Hippocrate, à la logique d'Aristote, à l'atomisme de Démocrite, etc... Jamais, ni avant ni après le début de notre ère, l'Inde n'a été en mesure de puiser directement ses inspirations aux sources originales grecques; mais qu'au moment où elle s'est mise elle-même à rédiger ses traités techniques (notamment d'astronomie), ses précis de philosophie et, d'une façon générale, ses livres scolaires, elle ait utilisé les manuels classiques de tout genre qui circulaient alors dans l'Asie antérieure, cela nous paraît indéniable. Or, le plus gros de ce travail se place, autant que nous pouvons déjà savoir, aux alentours du Ive siècle, coïncidant avec la grande floraison du théâtre, de l'épopée savante et, bientôt, du roman sanskrits. D'autre part, nous ne devons pas nous lasser de répéter aux oreilles européennes le fait capital que l'Inde était alors, par terre et par mer, grâce au nombre et à l'activité de ses missionnaires de toutes sectes, l'éducatrice de l'Asie centrale et de tout l'Extrême-Orient, auxquels elle fournissait le plus clair de leur pâture spirituelle. Il serait vraiment par trop surprenant que tout en faisant son profit de l'héritage scientifique du monde méditerranéen — le même que les Arabes allaient bientôt recueillir en Syrie et en Perse pour le restituer plus tard à l'oublieux Occident — elle n'ait rien eu à donner en échange à l'Europe, au moment où celle-ci allait sombrer dans une si longue décadence (20).

Il ne coûte rien d'esquisser ainsi, page après page, de vastes programmes pour les études futures : le difficile est de remplir dès à présent ces cadres si largement tracés. Circonscrivons du moins le but immédiat de notre présente enquête. En un temps où nous savons de source certaine que nombre d'oeuvres grecques se traduisent en syriaque et en pehlvi et qu'une masse considérable d'ouvrages indiens se traduisent dans les langues de l'Asie centrale et de l'Extrême-Orient, il est sûrement permis de se demander si ces deux grandes entreprises de traductions, bien que contemporaines, sont demeurées absolument indépendantes et ignorantes l'une de l'autre, ou si, au contraire, entre l'Inde et l'Iran, à la faveur de leurs relations pacifiques, des transmissions analogues ne se sont pas produites. En d'autres termes, pouvons-nous croire qu'au cours de la fièvre de traduction qui travaille alors toute l'Asie, aucun livre grec n'ait passé à travers le syriaque et le pehlvi jusqu'en sanskrit et, réciproquement, qu'aucun livre sanskrit n'ait passé par le pehlvi en syriaque et de là en grec, voire en latin ? A la première partie de cette question il est encore bie ri difficile de répondre. Tel est l'art consommé avec lequel l'Inde sait dissimuler ses plus justifiables larcins (car enfin le vrai et le beau sont le bien commun de tous les hommes) que c'est à peine si ses plagiats sont parfois décelés grâce à des mots techniques directement transcrits parce qu'intraduisibles — par exemple celui de jâmitram pour diametron et nombre de termes d'astronomie. A ces indices d'ordre scientifique Sylvain Lévi a naguère ajouté la preuve implicite, tirée d'un passage de la « Biographie de Harsha » (Harsha-carita), que le grand écrivain Bâna devait avoir lu en traduction la Vie d'Alexandre du Pseudo-Callisthène (21). L'on en peut déduire que d'autres et (espérons-le) de meilleures productions de la littérature hellénistique et alexandrine, fables milésiennes, romans ou pièces de théâtre, étaient parvenues par bateau ou par caravane entre les mains des pandits et des amateurs d'Ujjayinî (Odzênê) et (le Kanyakubja (Kanogidza). Mais si dans le sens Ouest-Est nous sommes encore réduits à des conjectures dont, il est vrai, la vrai-