des Pashai et qui est restée partiellement en usage dans le pays. Il faut d'ailleurs avouer que les parures ainsi exhumées font pauvre figure à côté des somptueux et artistiques ornements portés par les images princières des Bodhisattvas et qui mériteraient, eux aussi, un examen attentif. Les soucoupes compartimentées, ordinairement exécutées en stéatite et probablement destinées à recevoir divers onguents ou poudres de toilette, présentent dans leur partie ciselée de curieux motifs, dragons, chevaux marins, scènes bachiques, Vénus fouettant Cupidon, etc. Outre des statuettes, des balsamaires et des pesons, de nombreux spécimens de vases à boire et de patères en bronze sont venus s'ajouter, sans rivaliser avec elles, aux coupes déjà conservées au British Museum. Nous ne parlons que pour mémoire des ivoires originaires de l'Inde centrale, et aussi (car ces menus objets, encore inédits, doivent avoir été apportés directement de Syrie) des admirables médaillons de plâtre, qui ont été découverts par M. et Mme J. Hackin à Kâpiçî. Beaucoup de ces derniers figurent des scènes purement classiques (telle, par exemple, que Ganymède abreuvant l'aigle de Zeus), et, à ce que nous conjecturons, ils devaient servir de maquettes aux fabricants de vaisselle plate pour décorer le fond des plats et des bols. Bornons-nous, pour la même raison, à signaler les verreries colorées ou incolores, peintes ou non, qui ont la même provenance, mais qui ont déjà été en partie publiées. Enfin, parmi les gemmes gravées, beaucoup d'entre elles doivent être également des articles d'importation, et leur étude est inséparable de celle des sceaux et cachets retrouvés par Sir Aurel Stein en Asie centrale. Tous ces documents, actuellement dispersés à Londres, Paris, Kâbul, Taxila, New-Delhi et Calcutta, restent à colliger et à classer, et ils exerceront encore longtemps l'ingéniosité des archéologues, aussi bien du côté grec que du côté indien (3i).
LA NUMISMATIQUE. - Après avoir laissé en dehors de cette rapide esquisse les arts mineurs, parce qu'insuffisamment étudiés, nous en ferons autant, mais pour un motif diamétralement opposé, de la numismatique. Celle-ci a bénéficié, en effet, depuis un siècle des préférences des collectionneurs comme du zèle inlassable des catalogueurs. Nous avons déjà eu l'occasion de dire (supra, p. 211) quelles révélations historiques les numismates sont parvenus à extraire des milliers de monnaies plus ou moins usées qui sont sorties du sol de l'antique Ariane, et particulièrement de celui de Kâpiçi. A l'admirable réussite qui a récompensé leur patient labeur, leur acuité de vision, et cette sorte de divination qu'engendre• une longue familiarité avec des documents maniés con amore, on ne saurait assez rendre hommage : mais il faut se garder de se laisser entraîner dans leur sillage engageant, si fort qu'on soit tenté de calquer l'évolution des autres branches d'art sur la courbe mise au net et jamais interrompue du monnayage. Nous nous sommes aperçu, et nous en avons déjà fait la remarque (supra, p. 331), que les magnifiques monnaies des Gréco-Bactriens ne s'insèrent pas mieux dans l'appareillage de l'école gandhârienne que ne fait une comète errante dans un système planétaire donné. Même quand les officines de Kâpiçî, de Pushkarâvatî et de Takshaçilâ sont tombées entre les mains de contremaîtres métis ou indigènes, ainsi que le prouvent leurs monogrammes en kharoshthî, les conditions spéciales de leur production ont toujours contraint les monnayeurs à faire bande à part dans le mouvement artistique du Nord-Ouest; et nous verrons bientôt (infra, p. 344 s.) au milieu de quelles contradictions il faudrait se débattre si l'on voulait prendre pour loi du développement de la plastique gandhârienne tout entière celle qui domine de bout en bout la série numismatique et qui s'écrit en un seul mot : décadence (32).
LA SCULPTURE SUR PIERRE. - Après la radicale ablation du tronc jumeau de la peinture et l'élagage des branches secondaires de la métallurgie artistique, de la glyptique et de la
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