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0107 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 107 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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Lq PROPAGANDE BOUDDHIQUE   273

donne le modèle accompli de l'« ancien style ». L'un de ceux de Takshaçilâ a désormais repris dans les publications de l'Archæological Survey son vieux nom, attesté par plus d'une inscription, de Dharma-rdjihd. Qu'un autre, voisin de la ville de Po-lou-cha, sur la rive droite de l'Indus, remonte aussi à un temps voisin de celui d'Açoka, ainsi qu'on l'a assuré à Hivan-tsang, nous l'admettrons d'autant plus aisément que tout à côté subsiste encore l'inscription dite de Shâhbâz-Garhî, authentique production du même empereur. Deux étapes plus loin, autour de Pushkarâvatî, la vieille capitale gandhârienne, l'assertion se répète avec la même vraisemblance. Enfin, à Nagarahâra même, nous retrouvons, outre le stûpa d'Ahin-posh dont la ressemblance avec la Dharma-râjikâ de Taxila nous a dès l'abord frappés (supra, p. 152), tous les « tumuli » que Ch. Masson décrit comme « consistant en un soubassement surmonté d'une coupole » (7). Mais à partir de Jelâlâbâd — constatation curieuse à noter et qui corrobore singulièrement notre confiance dans la valeur des renseignements recueillis par Hivan-tsang — c'est en vain que nous continuerons à feuilleter à rebours les pages de sa Relation pour y trouver d'autres « stûpa d'Açoka ». C'est tout juste si le pèlerin signale encore au Kapiça, sur la colline de Pilu-sâr, le premier qu'il ait rencontré en venant de l'Asie centrale : dans l'Hindûkush et au delà, ni le nom ni la chose ne paraissent plus. En revanche plus tard, sur la voie du retour, Hivan-tsang en notera un bon nombre, non seulement dans l'Inde de l'Ouest et le Sindh, mais jusque dans le pays de Jâguda en Afghânistân. En résumé, nous sommes autorisés à penser, sous bénéfice d'inventaire, que dans les décades qui suivirent la pieuse initiative d'Açoka, le bouddhisme déjà prospère au Paiijâb et au Sindh, avait pénétré dans la vallée de la Gômatî (et sans doute aussi de la Krumu) en même temps que dans celle de la Kubhâ. Toutefois, à une exception près, il ne paraît pas avoir dépassé, en remontant celle-ci, les environs de Nagarahâra ; en d'autres termes il se serait arrêté de ce côté, ainsi que l'on pouvait s'y attendre, au pied du plateau iranien et à la frontière climatique de l'Inde (cf. supra, p. 36). Mais les nombreuses mentions de « stûpa d'Açoka » en Udiyâna nous donnent à croire qu'il s'était de bonne heure infiltré du Gandhâra dans les vallées voisines du Bûnêr, du Svât et du Païijkora. Ceci n'est pas une pure supposition : la dédicace d'une cassette à reliques provenant du Svât et émanant du méridarque Théodôros lui avait déjà donné quelque consistance; elle est devenue une certitude depuis que du fond du Bajaur est sortie une autre cassette dédiée par un roi indigène vassal de Ménandre et sous le règne de ce dernier, donc au plus tard vers le milieu du ne siècle avant notre ère (8).

LA CONVERSION DE MÉNANDRE. - Il était inévitable qu'au cours de notre enquête le nom du grand roi indo-grec se présentât à nouveau sous notre plume (cf. supra, p. 212-3), et cette fois nous ne pouvons esquiver la question si controversée de sa conversion au bouddhisme. Avouerons-nous qu'avec le progrès des études notre scepticisme sur ce point tend à faiblir ? Comme le cas du méridarque Théodôros vient de nous le prouver, il n'aurait pas été le seul Grec à subir l'attirance d'une doctrine qui présentait tant de rapports avec celle du sage Épicure et qui, de nos jours encore, séduit plus d'un Européen. Peut-être n'a-t-on pas tenu assez compte du fait que, né et élevé dans le pays, il en savait sûrement la langue, et. qu'en dépit de l'éducation hellénique qu'en sa probable qualité de fils de simple marchand il avait pu tant bien que mal recevoir — sinon au Kapiça redevenu indien, du moins de l'autre côté des monts, en Bactriane demeurée grecque —, l'ambiance locale avait agi sur lui depuis sa plus tendre enfance. Lisez, si vous ne l'avez lu, le Kim de Rudyard Kipling, et vous concevrez mieux à quel point l'Inde peut modifier le teint et la mentalité d'un adolescent aux yeux bleus. Que dès sa jeunesse, puis à l'occasion de ses expéditions dans le Paiijâb et le bassin du Gange, Ménandre ait été gagné peu à peu par la vénération que l'Inde a toujours professée pour la vie spirituelle conjuguée avec la

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