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0197 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 197 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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LA RÉGION INDO-IRANIENNE

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L'expansion sassanide. — A peine les envahisseurs barbares achevaient-ils de se couler avec plus ou moins de succès dans le moule politique, culturel et religieux préparé en commun pour eux par les Indiens et les Grecs que, reprenant de tout point la tradition des grands Achéménides, les premiers Sassanides vassalisent derechef et l'Irân oriental et l'Inde occidentale, toujours liés au même joug. Dès lors l'histoire de l'iranisation du Nord-Ouest se renoue directement, à partir du me siècle de notre ère, à celle que la réaction des Mauryas, la propagande des missionnaires bouddhistes et l'intrusion des Mlêcchas (que ceux-ci fussent Yavanas, Pahlavas, Çakas ou Tukhâras) pouvaient sembler avoir interrompue pendant plus de cinq cents ans. En fait, les Nomades eux-mêmes travaillaient inconsciemment pour le bénéfice de l'influence occidentale qu'ils imbibaient dès l'abord ; mais il va de soi que le premier rôle en cette affaire revenait aux représentants attitrés de la civilisation jadis assyro-perse, et maintenant gréco-perse. Les destins, toujours avares à l'égard des empires orientaux, vont cependant leur accorder plus de quatre siècles pour poursuivre, en dépit d'un nouvel influx de barbares, le mouvement de pénétration dont à notre courte vision historique Cyrus apparaît comme l'initiateur. C'est évidemment vers la fin de leur domination que les résultats de celle-ci se sont fait le plus nettement sentir et se laisseront le mieux évaluer. Par chance, c'est juste à ce moment que le pèlerin Hivan-tsang a visité une grande partie de l'Ariane. Sa judicieuse relation nous est d'autant plus précieuse que c'est à peu près le seul document dont nous disposions alors pour cette région. Le tout est donc de savoir s'il nous est possible de recueillir dans l'inépuisable trésor d'observations que contient le Si-yu ki quelques données positives sur les progrès marqués dès le vile siècle par la langue et les moeurs iraniennes en direction de l'Indus.

En ce qui concerne l'avance des dialectes iraniens, nous ne pouvons aborder un problème aussi délicat sans faire un retour en arrière, ni non plus sans délimiter clairement le champ de nos recherches. Il va de soi que nous laissons de côté les idiomes particuliers des tribus, dont on sait combien la fortune fut diverse, puisque les Hazâreh ont adopté le persan tout en conservant le type mongol, que les Brâhûî ont gardé leur vieux parler tout en perdant leur individualité ethnique, et qu'ensemble Pâthans et pashtu ont, depuis le xive siècle, pris possession du Gandhâra. Nous bornons notre enquête rétrospective au jeu de l'avance et du recul respectifs de l'iranien et de l'indien le long de la grand-route de Perse en Inde ; et aussitôt nous apercevons qu'au début même de la conquête achéménide se place un fait bien connu des linguistes, mais auquel les historiens n'ont peut-être pas attaché assez d'attention. Tout indianiste qui ouvre pour la première fois un recueil des inscriptions de Darius Ier ne peut qu'être étonné de la façon dont il croit deviner le sens de la version vieux-perse ; et, sans qu'il ait à préjuger le dialecte iranien le plus couramment employé dans les armées de Cyrus et de ses successeurs, cette heureuse surprise lui donne à supposer qu'il ne fallut pas beaucoup de temps ni d'efforts à leurs troupes pour arriver à s'entendre avec leurs nouveaux sujets. De cette conversation appelée à se prolonger pendant deux siècles naquit-il, à l'usage des conquérants et des conquis, une sorte de dialecte mixte du genre de l'ûrdû ? Le fait est infiniment probable ; et il serait même tentant de supposer que ce soit des succédanés de ce sabir que les tribus dardes continuent à se servir dans les montagnes où elles ont été refoulées. Il appartiendra aux linguistes de vérifier cette hypothèse : toujours est-il que, d'après leurs premières constatations, ces dialectes ne sont « ni iraniens ni indiens, mais quelque chose d'intermédiaire entre les deux ». De toutes façons la ressemblance des langages, en facilitant tous les genres d'échanges, favorisait également les emprunts linguistiques, et nous avons gardé la preuve que, dès cette époque, l'iranien fut le prêteur. Le vieux grammairien Yâska, dans son traité étymologique (Nirukta, II, i, 4), nous rapporte incidemment que dans le parler des Kambôjas