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0204 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 204 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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370   CONCLUSIONS

attitude suppliante, avons-nous dû comprendre la fierté du monarque oriental : qu'il nous soit seulement permis de signaler combien cette arrogance était à courte vue. Car enfin, si la Perse était devenue, ne disons pas la sujette, mais simplement l'alliée de Rome, et que la civilisation gréco-romaine fût dès lors entrée en un contact direct et prolongé avec l'indienne et la chinoise, que l'on songe à quel point l'avenir de l'Eurasie eût pu être heureusement modifié...

On sait trop ce qu'au contraire il advint. Tandis que Khusrô Parvîz et Héraklius achevaient de s'épuiser dans l'acharnement des guerres héréditaires, les soldats d'Allâh et de son prophète se préparaient à conquérir d'un irrésistible élan, après les plus riches provinces de l'empire byzantin, la Perse entière. Assurément il leur faudra ensuite plusieurs siècles pour faire ce que n'avaient fait jusqu'alors les pires barbares, à savoir pour forcer le bouddhisme à refluer à l'intérieur de la péninsule où ils le poursuivront et finiront par l'anéantir : mais on peut dire que les communications ont été pratiquement coupées entre l'Europe et l'Inde à partir de l'Hégire (622) jusqu'en mai 1498, quand les trois caravelles de Vasco de Gama mouillèrent devant Calicut. Malheureusement les circonstances avaient changé, et l'occasion favorable était passée. Au temps de Ménandre et de Kanishka, il semble bien que les envahisseurs étrangers, que ce fussent des Grecs d'Asie Mineure ou des Nomades venus des confins de la Chine, n'éprouvaient pas grande difficulté à s'entendre et, qui mieux est, à se fondre avec leurs sujets indiens; et sans doute en eût-il été de même jusqu'au temps de l'empereur Julien (361-363), sinon de Justinien (527-565). Au xvle siècle, après un si long intervalle rempli par un conflit inexpiable entre l'Islam et la Chrétienté, les haines de race et de religion avaient creusé un fossé trop profond entre Asiatiques et Feranghîs; et les nouveaux conquistadors, qu'ils fussent Portugais ou Espagnols, Danois ou Hollandais, Anglais ou Français (car toutes les nations d'Europe se ruèrent à la curée, quittes à se disputer ensuite leur proie), n'en étaient apparemment devenus que plus âpres au gain et plus impitoyables dans la démonstration de leur force. Il serait hors de saison de reprendre cette lamentable histoire dont au xxe siècle nous recueillons les fruits amers; mais il n'est que juste d'en faire découler l'état d'hostilité sourde ou de révolte ouverte contre les gens et les choses d'Europe, dans lequel au lendemain de ce qu'on est convenu d'appeler la « guerre mondiale » (1914-18) nous avons trouvé toutes les nations de l'Asie, depuis la Perse jusqu'au Japon. Chose triste à dire et plus encore à penser, mais qui ne résume que trop bien l'expérience de nos voyages, ces deux frères si étroitement jumelés par la géographie et l'histoire, l'Orient et l'Occident, sont devenus ennemis. S'il est permis à de simples orientalistes (puisque aussi bien leur métier est de servir de truchements entre les deux moitiés du Vieux monde) d'exprimer une opinion qui soit en même temps un vœu, l'oyuvre la plus urgente des générations nouvelles, après la reconstruction de l'Europe, devra être la réconciliation de l'Europe et de l'Asie : du moins n'apercevons-nous pas de tâche qui importe davantage à l'avenir de la civilisation (7).

s. (P..356). V. Gordon CHILDE, New Light on the most ancient East (Londres, 5934), ch. vil, et cf. J. R. A. S., oct. 1936, p. 669.

  1. (P. 359). Le biographe de Hivan-tsang place aussi la frontière de l'Inde au Lampaka; mais, fidèle écho des impressions personnelles de son maitre, il fait d'autre part remarquer que tout le territoire situé entre le Lampaka et le Chinâb est un pays-frontière, intermédiaire entre les contrées barbares et l'Inde et différant de cette dernière par les manières, le costume et le langage de ses habitants.

  2. (Do). V. l'étude de L. BOGDANOF, Stray Notes on Xdbuli Persian (Journ. and Proceedings, A. S. Ben g., new series), vol. XXVI, 1930, no 5. — Nous nous plaisons à

rappeler qu'Aug. BARTH (OEuvres, II, p. 507) a déjà remarqué à propos de divers articles d'Albr. Weber : • Quant à l'état [ancien] de ces pays-frontières du nord-ouest, il parait avoir été sensiblement le même que nous le trouvons à diverses époques historiques, au Moyen âge par exemple, quand le plateau iranien était l'India minor et, dans une certaine mesure, jusqu'à nos jours ..

  1. (P. 364). G. A. GRIERSON, The Pitdca Languages o/ North-Western India (Londres, 5906, avec carte), p. nt, et cf. Camb. Hist. lie, I, p. 52. — Sur la racine fav = sav, v. H. REICHELT, Avestisches Elementarbuch, p. 35 et H. S. NYBERG, Hilfsbuch des Pehlevi, II, p. 217. — En ce qui concerne la kharoshihf, les étymologies sanskritisantes khara-