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0166 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 166 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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332   LES INFLUENCES ARTISTIQUES

suivi la pénétration grecque dans l'Inde du Nord depuis Alexandre jusqu'aux derniers IndoGrecs sans pouvoir relever aucune preuve tangible que l'école gréco-bouddhique soit née sous leur règne, alors que tous les documents écrits désigneraient Ménandre comme son initiateur. Nous ne serons pas plus heureux si, comme nous l'avons déjà fait vainement en Bactriane, nous réclamons au sol du Gandhâra les vestiges des résidences qu'y élevèrent sûrement dès le ye siècle avant notre ère les satrapes perses. Il faut bien croire que ceux-ci ne les ont bâties qu'en briques crues encadrées dans des bâtis de bois (et non, comme à Persépolis, cf. supra, p. 82, de pierre), et tout a depuis longtemps croulé en poussière. Dans le morcellement où sont tombées dès le Ive siècle les marches de l'empire, il y a encore moins à attendre l'érection d'édifices durables de la part des roitelets et des chefs de tribus de la région de l'Indus. De fait, ce n'est qu'à partir du milieu du Me siècle, alors que depuis cinquante ans les Mauryas ont récupéré, avec l'Inde blanche, les satrapies orientales, que nous commençons à soupçonner dans le Nord-Ouest l'existence d'ateliers de décorateurs imbus de la technique et du style perses. C'est avec eux qu'Açoka, lors de sa vice-royauté de Taxila, eut l'occasion d'entrer en contact ; et c'est probablement par leur intermédiaire que, devenu empereur, il fit venir de l'intérieur de l'Irân ses meilleurs sculpteurs : du moins ne nous dit-on pas qu'à l'imitation de son père Bindusâra sollicitant d'Antiochos Ier l'envoi d'un sophiste, il ait demandé aux Séleucides le prêt d'un artiste. De toutes façons c'est parmi le personnel de ces ateliers que les maîtres appelés de l'Occident ont recruté les praticiens dont ils ont eu besoin pour galber et pour lustrer ensuite d'un poli inimitable les colonnes monolithes éparpillées dans tout l'Hindûstân; c'est parmi eux qu'ils ont formé des apprentis; c'est avec eux qu'ils ont réussi à créer l'école indo-iranienne de l'Inde centrale — et cela près de deux cents ans après la fin misérable du dernier des Achéménides.

L'ÉLÉMENT INDIEN. - Nous avons donc-toutes raisons de penser qu'au temps de la dynastie des Mauryas étaient déjà répandus dans la région gandhârienne les motifs iraniens qui devaient se perpétuer dans le répertoire local : à plus forte raison devons-nous admettre qu'il en était de même des motifs indiens auxquels ils sont constamment associés, lotus, balustrades, arches en fer à cheval, makaras, kinnaras, etc. ; et par voie de conséquence ceux-ci apportent un argument

complémentaire à l'appui de l'existence à Pushkarâvatî comme à Takshaçilâ de ces ateliers mixtes indo-iraniens dont nous parlions tout à l'heure. Se bornaient-ils à décorer les habitations des grands de la terre et des riches particuliers ? Ciselaient-ils plus volontiers le bois comme ceux de l'Inde centrale l'ivoire ? Faisons en tout cas attention qu'ils ne reçurent qu'assez tard les commandes de

la communauté bouddhique. Introduite dans l'Inde du Nord par le troisième empereur Maurya, ce n'est selon toute vraisemblance qu'au bout d'une génération ou deux que celle-ci a été en mesure de faire appel à eux pour l'édification de ses fidèles et les besoins de sa propagande visuelle. Que dès la fin du me siècle les zélateurs du Nord-Ouest aient commencé à bâtir des stûpa de forme ancienne, dits d'Açoka (supra, p. 272 s.), l'aspect de leurs ruines ne permet pas d'en douter; qu'après les avoir bâtis, ils aient songé à les décorer, cela découle de soi; et enfin qu'ils n'aient pu dès lors le faire que dans le style indo-iranien (seulement un peu plus iranien que dans l'Inde centrale ?), c'est l'inévitable conclusion à laquelle on aboutit. A la vérité, aucun vestige de cette décoration n'a encore été exhumé; du moins à notre connaissance (23) ; mais cela ne prouve rien contre elle. D'une part la carence des fouilles très insuffisantes auxquelles il a été procédé jusqu'ici peut en partie s'expliquer par une raison technique : tandis que dans le Madhyadêça l'ornementation des stûpa se concentrait sur leur entourage, nous ne constatons nulle part, pas même à Mânikyâla, que ces sortes de palissades protectrices aient jamais constitué dans le Nord-Ouest un