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0174 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 174 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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LES INFLUENCES ARTISTIQUES

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numismatique, sur quoi va pouvoir porter notre revue ? Il y a tantôt cinquante ans la réponse était des plus simples : les seuls documents dont on disposât alors, en dehors des monnaies, — et encore était-ce à condition d'aller les chercher pour la plus grande part dans l'Inde — étaient des bas-reliefs et des statues de schiste, en majorité mutilés et rassemblés au hasard. De l'école il ne restait que la sculpture sur pierre, et de celle-ci il ne restait que des disjecta membru, ordinairement sans aucun état civil. De ce côté, il n'y a d'ailleurs d'autre progrès à enregistrer que la constitution du musée de Peshâwar, presque tout entier tiré, en trois saisons de fouilles, des tumuli de minable apparence et recouvrant des monuments deux fois ruinés qui entouraient le village de Sahri-Bahlol. Taxila et Hadda n'ont rendu que peu de morceaux de sculpture : leur apport, considérable, est autre, ainsi que nous verrons bientôt (infra, p. 344 s.). Le moment n'est donc pas venu de reprendre de fond en comble l'essai que, sous le titre trop ambitieux d'Art gréco-bouddhique du Gandhära, l'un de nous a naguère consacré à la seule sculpture gandhârienne, pour la simple raison que c'était à peu près tout ce que l'on en connaissait alors. Répétons-le : l'étude définitive à laquelle nous voudrions avoir frayé la route devra se donner pour fondement des fouilles nouvelles, bien conduites et poussées à fond, dans des ruines « primaires » — c'est-à-dire telles que les ont laissées les Hephtalites au vie siècle de notre ère, et non telles qu'après la restauration turque elles ont été derechef détruites par les Arabes au xe — et s'il ne s'en trouve plus de telles à l'intérieur du district de Peshawar, il faudra aller les chercher du côté du Bûnêr, du Svât ou du Bajaur, au pied des cols qui faisaient jadis communiquer l'Udiyâna avec le Gandhâra. Tout cela viendra à son heure, mais l'heure ne nous en est pas connue ; nous savons seulement que ce n'est plus pour nous qu'elle sonnera. Présentement, nous n'avons donc pas grand-chose à ajouter à l'inventaire que nous avons dressé du répertoire, ni à modifier dans les conclusions auxquelles son étude, surtout iconographique, nous a conduit : et ces quelques additions et corrections ont ailleurs leur place marquée (33). Nous croyons cependant voir un peu plus clairement, à la lumière de toutes les observations qui précèdent, comment répartir les quelques milliers de spécimens déjà catalogués ou en voie de l'être, et nous achèverons de simplifier les choses en concentrant notre attention sur la création la plus caractéristique de l'école, à savoir la figure du Buddha.

LES DÉBUTS. - Résumons-nous. Le premier point, sur lequel nous craignons de mourir impénitent, est que l'idée d'une telle représentation, bousculant sans rémission toute l'iconographie de l'Inde centrale, n'a pu germer que dans l'Inde du Nord et dans l'esprit d'un Indo-Grec converti au bouddhisme. Une fois conçue, moitié d'après la description idéale du Sauveur indien et moitié d'après le spectacle direct de ses moines, elle n'a pas tardé à être esquissée au trait, peinte et enfin sculptée par des artistes restés anonymes, mais évidemment formés dans des ateliers grecs, le tout à la manière et avec la hardiesse propres aux praticiens hellénistiques. Ainsi seulement peut s'expliquer le fait constant que les images sorties du sol gandhârien soient les plus anciennes et que les plus anciennes d'entre elles soient aussi les plus classiques d'aspect. Nous avons des raisons de croire que les premiers essais ont vu le jour avant la chute du régime Yavana, sinon sur l'initiative, du moins dans l'entourage des gouverneurs civils de Pushkarâvatî, sans que nous soyons d'ailleurs en mesure de décider s'ils furent provoqués par la commande d'une scène légendaire ou d'une image isolée (cf. AgbG., II, p. 338 s.) ; mais que le type ait été créé du premier coup, rien ne nous l'assure, et c'eût été miracle qu'il le fût. Il est tout indiqué de penser que le modèle hybride, qui dans ses grandes lignes devait rester immuable jusqu'à nos jours, ait été repris en sous-oeuvre et finalement stéréotypé par quelque artiste métis, mi-grécisant et mi-bouddhisant de naissance. Qu'enfin cette figure faite pour être adorée et le rite même de son adoration ne se