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0153 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 153 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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LA DATE

319

de lexique (koça) de la terminologie de la Bonne-Loi, superflue pour les indigènes familiarisés dès l'école avec leur vocabulaire philosophique, n'est vraiment utile ou même indispensable qu'à des prosélytes étrangers au pays. I1 en va de même de la collection de « perplexités » (vimati) soulevées et censées « tranchées » dans le troisième livre et qui, comme par hasard, portent justement sur les divers problèmes que nous énumérions il n'y a qu'un instant. Lecture faite, nul ne peut songer à contester que ce traité, mi-lexicologique et mi-apologétique, n'ait été éçrit à l'adresse de gens insuffisamment versés dans la phraséologie de la dialectique indienne et à qui leur éducation laïque, la tournure réaliste de leur esprit, et leur goût des idées claires rendaient difficilement acceptables les distinguo subtils, le phénoménisme intransigeant et les exorbitantes prétentions Spirituelles des docteurs bouddhistes. Or, dans ces sceptiques étrangers, trop épris de logique et trop persuadés de l'existence substantielle de leur moi comme de celle du monde extérieur, l'histoire nous oblige à reconnaître les colons grecs du Gandhâra et du Panjâb. Aussi bien (un moment de réflexion aurait dû suffire à nous en avertir), c'est là ce que l'auteur, loin de faire mystère de ses intentions, a lui-même proclamé bien haut par le titre donné à son ouvrage : car s'il n'avait pas rédigé les « définitions » de son livre II comme la « solution des perplexités » de son livre III à l'usage particulier des Yavanas, quel motif aurait-il eu de choisir comme meneur du jeu un de leurs dynastes de préférence à un monarque indien ? Rien que le fait de placer son dialogue sous un tel patronage montre assez à quel public il le destinait. Il n'y a d'ailleurs pas lieu de s'étonner que ce petit manuel une fois reconnu comme la meilleure introduction à la connaissance du Sad-Dharma ait continué à être recommandé aux prosélytes qu'attirait l'inlassable propagande bouddhique en Haute comme en Basse-Asie et que par suite, bien que non canonique, il nous ait été précieusement conservé dans les Écritures du Nord comme du Sud, en chinois comme en pâli. On ne sera pas davantage surpris de constater qu'actuellement sa vogue persiste auprès des exégètes européens du bouddhisme, si on en juge par le soin qu'ils ont pris de l'éditer et de le traduire, et par le nombre de citations qu'ils se plaisent à lui emprunter (Io).

A côté de ce résultat d'ordre littéraire, et par suite presque impalpable, il en est un autre plus tangible et que nul ne peut se dispenser de voir, car des galeries de musées en sont pleines. Il était fatal qu'au cours de ces conversations se posât non seulement la question de la personne du Buddha, mais encore, devant la prompte imagination du Grec, celle de sa représentation plastique. Assurément le Yavana n'avait pas à apprendre à l'Indien l'existence du culte des images. Nous savons — comme les choses de l'Inde ancienne se savent, toujours de la façon la plus indirecte, en l'espèce par des scholies du grand grammairien gandhârien Pânini — que le culte des idoles s'était dès lors répandu dans la péninsule sous l'inspiration et même, donnait-on à entendre, pour le bénéfice financier des Mauryas. De fait, il nous reste du 11e siècle avant notre ère, depuis Perkham jusqu'à Patna en passant par Sâiichî et Barhut, nombre de statues de divinités, tant masculines que féminines, surtout de génies et de fées de villages. Pourquoi donc, n'a pu manquer de demander Théodôros à son synonyme Dêvadatta, ne possédez-vous aucune image de votre Maître ? Qu'était-il, d'après vous, au temps de sa jeunesse ? — Un prince charmant, paré de toutes les grâces comme de tous les atours. — Au temps de sa carrière enseignante ? — Le même, avec les bijoux en moins et le manteau monastique en plus.—Tout cela se dessine, se peint ou sesculpte. Dans le vestibule de vos couvents vous avez coutume de représenter la roue de la transmigration » (samsâraseakra) avec ses six secteurs correspondant aux six « voies » de renaissance (gati), celles des dieux, des asuras, des hommes, des spectres, des animaux et des damnés : pourquoi ne placez-vous pas, en face du tableau de ce monde de misère la figure du Tathâgata, comme vous dites, ou, comme nous dirions, de l'Erchoménos, bref de « Celui qui est venu » apporter le remède à tous les maux ?