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0112 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 112 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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LES PROPAGANDES RELIGIEUSES

de la plaquette de Taxila où le satrape indo-scythe Patika, fils de Liaka Kusulaka, nous dit qu'il a fait rétablir une relique du Buddha Çâkya-muni qui avait été « désétablie », et a bâti à côté un monastère. Quant au vase de stéatite trouvé dans un des « topes » de Bîmarân, il aurait remplacé au cours d'une « restauration » (nir-yâtana) le récipient qui contenait primitivement le fameux reliquaire d'or, aujourd'hui conservé au British Museum (14).

Si nous interprétons bien ces menues indications, dont l'avenir viendra grossir le nombre, le bouddhisme recommence donc dès avant notre ère à relever la tête après l'orage et à panser les blessures de ses sanctuaires, voire à en fonder de nouveaux; mais on conçoit aisément que, pendant l'époque troublée qu'il vient de traverser, sa propagation ait subi un arrêt. Assurément, le temps travaille encore pour lui et, en dépit de toutes ces vicissitudes, il continue à s'enraciner dans le Gandhâra et les vallées adjacentes : mais nous n'échappons pas à l'impression qu'il piétine sur place. Aucun des monarques iraniens ne paraît se soucier d'étendre sur lui sa protection; et, re marquez-le, c'est à présent au tour de la tradition chrétienne de retenir le nom de Gondopharès et de magnifier, à tort ou à raison, sa conversion. A la vérité nous nous sommes crus ci-dessus (p. 225-6) en droit de penser que la suprématie des Kushânas s'est substituée à celle des Scytho-parthes sans grandes luttes militaires ni profondes convulsions sociales. Il n'en reste pas moins que les deux premiers rois de cette dynastie se donnent sttr leurs monnaies comme des adeptes du culte de Mahêçvara — ce qui, du point de vue religieux, les place théoriquement aux antipodes du bouddhisme. Bref, il fallut attendre Kanishka pour qu'un empereur indo-iranien prît un intérêt personnel à la Bonne-Loi et imprimât un nouvel élan à sa propagande. Aussi la Communauté savait-elle fort bien ce qu'elle faisait en reconnaissant en lui un second Açoka et en s'efforçant, pour corser la ressemblance, de modeler sa légende sur celle de son précurseur. Le seul trait que le Maurya et le Kushâna eussent réellement en commun était d'avoir manifesté en sa faveur un zèle actif et d'avoir ouvert de vastes horizons à ses missionnaires; mais il n'en fallait pas davantage pour qu'ils fussent confondus dans la même gratitude et la même entreprise de béatification (15).

Quiconque a présente à l'esprit l'importance que la figure de Kanishka a prise dans les Écritures bouddhiques s'attend à ce que, sous son règne, la Bonne-Loi ait fait d'immenses progrès; et c'est avec de grandes expectations qu'il rouvre une fois de plus la Relation de Hivan-tsang, où ces nouvelles conquêtes n'auront pas manqué d'être fidèlement consignées sur leur emplacement même... Une déception singulière attend ici les philologues qui croient pouvoir faire marcher les faits sociaux du même pas que les initiatives individuelles. Assurément, dans le Si-yu ki le chapitre du Kapiça est presque entièrement consacré à l'exaltation hagiographique de Kanishka, le « roi du Gandhâra ». Tour à tour le pèlerin nous conduit au couvent où il logeait pendant le fort de l'été ses « otages chinois », et au grand stûpa que, payant de sa personne, il bâtit et rebâtit jusqu'à ce qu'il l'eût miraculeusement mis à l'abri des inondations périodiques du Nâga des montagnes de Paghmân; et tout naturellement nous avons constaté que ce monument, avec son dôme surélevé sur un corps cylindrique, avait pris l'allure des stûpa « nouveau style » du Nord-Ouest (supra, p. 142 et pl. XXIX d). Il est donc bien attesté que, dès le règne du grand Kushâna (disons, pour que tout le monde en tombe d'accord, au début du ne siècle de notre ère), le bouddhisme avait gravi les montagnes du Kôhistân et qu'il s'était fortement implanté à Kâpiçî, et sans doute aussi dans les autres bourgades importantes du Kapiça. Mais nous aurions pensé qu'à ce moment il avait fait mieux encore, à savoir qu'il avait déjà franchi l'Hindûkush et pris ses quartiers en Haute-Asie, voire en Asie centrale. Or, de tout cela, il n'est pas question dans les notes de Hivantsang; ni en Sogdiane, ni en Bactriane, ni même à Bâmyân, il n'a rencontré de sanctuaire bouddhique qu'on osât faire remonter, si grande envie qu'on en eût, nous ne disons plus jusqu'à Açoka, mais

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