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0130 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 130 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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296   LES PROPAGANDES RELIGIEUSES

dans les textes pâli de cinq sortes de logements pour les moines, et même de moines résidants (âvâsika), par opposition à ceux qui ne sont que de passage (âgantuka). Bientôt, par une seconde et plus grave entorse à la règle prescrite par le Buddha, on en viendra à admettre ouvertement l'existence de moines « propriétaires de leur couvent » (vihâra-svâmin). Quand vers l'an 400 le premier des grands pèlerins chinois arrive dans l'Inde, le nouveau régime était déjà chose établie et entrée dans la pratique courante. Fa-hien juge tout naturel de rencontrer un peu partout des monastères où des religieux prennent à demeure leurs aises, entretenus par le revenu des terres reçues en donation, et exploitent ces véritables biens de mainmorte par l'entremise d'un prieur (mah.ivihâra-svâmin) et d'un économe (karmaddna) commandant à un nombreux personnel domestique des deux sexes. La seule obligation à laquelle restent soumis les moines sédentaires est de tenir maison ouverte pour leurs confrères itinérants; mais il est stipulé que ceux-ci ne peuvent décemment user de leur hospitalité plus de trois jours de suite. Si nous contrôlons à présent les renseignements écrits par les données archéologiques, nous pouvons suivre dans les bâtiments monastiques une évolution parallèle à celle des mœurs. Comme l'atteste le célèbre médaillon inscrit de Barhut représentant le don du Jêtavana, les parcs de bonne heure dédiés à la Communauté par les riches zélateurs dans le voisinage des grandes villes n'offraient au Buddha lui-même que des huttes détachées à titre de gîte temporaire. Mais dans l'Inde du Nord nous voyons dès le début de notre ère s'édifier et s'agrandir graduellement des sanghârâma d'un type tout différent. Leurs grandes cours rectangulaires, visiblement inspirées du plan habituel des maisons laïques et des caravanseraïs, sont en effet entièrement bordées sur un ou deux étages d'une série de chambres abritées par une vérandah qui régnait sur tout leur pourtour et constituant, comme dans nos cloîtres, autant de logis permanents pour un nombre égal de moines. Faut-il imaginer à l'origine de cette innovation le besoin de parer aux exigences d'un climat plus rude, de même que l'insécurité chronique de la région-frontière expliquerait pour beaucoup de ces fondations leur installation sur des collines à l'écart de la grand-route et le caractère défensif de leurs hautes murailles de pierre ? Toujours est-il qu'avec leurs lieux saints, leurs quadrangles de cellules, leur salle de chapitre, leurs celliers à provisions, leur cuisine, leurs latrines et leurs vastes communs, elles nous fournissent le prototype de ces sortes de petites villes closes que sont devenues les grandes lamasseries du Tibet et qu'étaient également les monastères chrétiens de notre haut Moyen âge. Or, c'est seulement à partir de la fin du me siècle que commence à s'organiser en Égypte et dans le Levant, par un développement plus ou moins spontané de la vie érémitique des solitaires de .1a Thébaïde, la koinobia ou vie en commun des cénobites proprement dits. Les auteurs chrétiens professent que cette transformation, qui allait bientôt, avec saint Martin, gagner jusqu'à la Gaule, s'est accomplie sous l'influence de saint Antoine et de saint Pacôme, dont les disciples essaimèrent en Syrie et dans tout le bassin de la Méditerranée. Pour notre part nous le voulons bien, et nous n'irons pas prétendre. que les trois grands voeux traditionnels de chasteté, de pauvreté et d'obéissance trahissent le moins du monde —'surtout le dernier — une influence bouddhique. Il n'en reste pas moins que beaucoup de prescriptions de détail édictées par saint Pacôme (292-348), saint Basile de Césarée (320-379) ou Mar Rabbula (évêque d'Édesse en 412), notamment en ce qui concerne le statut des moines et leurs relations entre eux ou avec les nonnes, rappellent de très près celles qui avaient été depuis longtemps codifiées dans l'Inde. Faut-il voir dans ces analogies frappantes le simple effet de la similitude des situations, ou au contraire y discerner la trace d'une imitation au moins médiate de ce qui se passait alors et se passe encore dans les couvents de l'Asie orientale ? Seule une comparaison minutieuse et philologiquement poussée de ces Monita ad coenobitas ou Regulae monasticae avec le Vinaya (compte tenu des modifications intervenues dans la pratique de ce der-