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0142 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 142 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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LES INFLUENCES ARTISTIQUES

C'eût été tomber dans une autre exagération. Comme il a été dit ci-dessus (p. 145-6), les recherches exécutées sur le plateau de Kâbul et de Kâpiçî ont déjà rendu — en petit nombre, il est vrai, mais en une matière et un style impossibles à méconnaître — des images et des bas-reliefs gréco-bouddhiques (cf. pl. XL). La frontière occidentale de l'École est désormais fixée là (2).

A présent que nous tenons solidement les deux extrémités Est et Ouest, la tentation serait grande de délimiter non moins rigoureusement les frontières septentrionale et méridionale... Rien ne fait mesurer mieux les services qu'une grand-route peut rendre (et vient de rendre) à l'archéologie : si les conditions géographiques avaient permis l'établissement d'une voie transversale Nord-Sud desservant toute la région, ce n'eût été qu'un jeu de suivre étape par étape la diffusion et de marquer le point d'arrêt de l'École. Faute de posséder comme une seconde ligne graduée dans une direction perpendiculaire à celle dont nous disposons déjà, toute précision nous échappe; et comme à cette difficulté première s'ajoutent les obstacles que la nature et la politique ont multipliés dans le Nord-Ouest de l'Inde, on ne s'étonnera pas de nous voir encore réduits à tâtonner d'impressions en hypothèses. Du côté du Nord, pour nous en tenir au versant méridional de l'Hindûkush, il n'y a pas plus à attendre, à notre point de vue, du Nûristân (ancien Kâfiristân) afghan que du Chitrâl anglais. Mais, à une latitude et une altitude plus basses, nous devrons sans doute un jour comprendre dans l'aire de l'École la vallée inférieure du Kunâr et aussi le Bajaur, où s'approvisionnent en marge des règlements administratifs les marchands d'antiquités de Peshâwar et d'ailleurs. La nouvelle route du Chitrâl par la passe de Malakand et le pont de Chakdarra aurait déjà dû permettre de fixer la limite archéologique en Udiyâna : de toutes manières la vallée moyenne du Svât et le Bûnêr y ont été définitivement englobés par les soins de Sir Aurel Stein. Les recherches de Sir John Marshall en ont fait autant pour la partie méridionale du district de Hazâra et celles de M. Râm Chandra Kâk pour le Kaçmîr (3).

Du côté du Sud l'Indus, en sa qualité de route qui marche, devrait nous aider à déterminer la frontière artistique que nous cherchons : le plus sage pour l'instant est de ne pas faire descendre celle-ci au-dessous du confluent du Kurram. Si les districts de Kohat et de Bannu, ainsi que le Waziristân, étaient vraiment riches en vestiges gréco-bouddhiques, nous le saurions déjà. A l'Ouest des chaînes des Monts Suléimân nous nourrissons plus d'espoirs, mais ne tenons pas plus de certitudes sur les parages de la vieille route du Kapiça à l'Arachôsie. Charles Masson a signalé dans la haute vallée du Logar et de son affluent, le Khavat, des monuments tout pareils à ceux qui parsèment les environs de Jelâlâbâd. D'après les renseignements qui nous sont parvenus, l'École aurait même pénétré plus au Sud jusque dans la vallée de l'Arghand-âb et ce pays de Jâguda (aujourd'hui Jâguri) où Hivan-tsang a noté l'existence d'une « dizaine de stûpa » de forme ancienne. Mais tant que cette région n'aura pas été explorée nous manquerons d'informations sûres (4). Plus à l'Ouest enfin, dans l'Hazârajât et les hauts bassins de l'Hêlmand et de l'Hérî-rûd, nous n'avons ni vu ni entendu signaler aucune ruine bouddhique le long de la route de montagne qui relie Kabul et Hérat.

Si vagues que soient encore les frontières Nord et Sud de l'école du Gandhâra, nous les circonscrivons avec une précision plus grande qu'il y a trente ans, lors de notre premier essai (A. g.-b. G., p. 12-13). Ce n'est sûrement pas pur entêtement de notre part si cette précision, obtenue à l'aide d'une connaissance plus détaillée de la vieille route de l'Inde, a pour résultat de resserrer les contours de cette aire artistique autour de ce qui fut visiblement son axe central. Soit dit une dernière fois, dans la montagneuse contrée du Nord-Ouest de l'Inde les conditions géographiques le veulent ainsi. Rivières, routes, populations, cultures, commerce, religions, arts, toutes les manifestations de la vie se collectent et s'écoulent dans le même lit; et ce lit est forcé-