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0178 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 178 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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344   LES INFLUENCES ARTISTIQUES

être toujours allée en perdant ce qu'elle avait à l'origine d'équilibre dans la composition et de souplesse dans l'exécution. A ce point de vue, il faut le reconnaître avec Émile Senart (37), elle a suivi une évolution analogue à celle de la numismatique. Assurément elle a déchu de moins haut et a dégénéré moins vite, car elle comportait moins de secrets de métier ; mais la raideur et la gaucherie croissantes des attitudes, la stylisation de plus en plus maladroite des cheveux et des draperies aboutissent assez rapidement à la confection machinale de ces « poupées sans âmes » auxquelles on a parfois voulu réduire toute la production de l'école. Il faut tenir également compte à ce propos de la sorte d'industrialisation à laquelle la demande toujours plus active d'ex-votos par des fidèles plus dévots qu'experts a vite condamné les ateliers. Bref, tout concourt à nous faire penser qu'à prendre les choses d'ensemble — et sans oublier la constante possibilité de reviviscences classiques dues à la reproduction de modèles anciens ou à l'intervention d'artistes nomades — le talent de nos sculpteurs sur pierre a promptement et continûment roulé, de maîtres en apprentis, sur la pente de la décadence. Aussi bien ce phénomène n'est-il pas particulier au Gandhâra. Sur toute l'étendue du monde méditerranéen et, sans chercher plus loin, sur les grandes compositions rupestres de l'Irân sassanide nous assistons à la même détérioration progressive de la technique grecque. Mais la sculpture sur pierre n'est pas toute la plastique : et la question que viennent de poser les dernières découvertes est justement de savoir si l'art du modelage en mortier de chaux et en argile a suivi dans son évolution la même courbe presque constamment déclinante.

VII. LE MODELAGE

STUC ET ARGILE. - Nous abordons enfin la seule nouveauté, d'ailleurs capitale, que ce siècle ait apportée dans notre documentation. Assurément nous connaissions déjà l'existence dans l'oeuvre de l'école du Gandhâra de figures modelées de toutes dimensions, depuis les minuscules jusqu'aux colossales. Les fouilles avaient assez fréquemment mis au jour leurs pieds restés en place et qui parfois mesurent jusqu'à i m. 6o de l'orteil au talon ; et, si leurs corps ont ordinairement disparu, l'on a ramassé dans les déblais un assez grand nombre de têtes détachées. Déjà Ch. Masson, devant les premiers spécimens trouvés par lui à Hadda, avait reconnu que l'exceptionnelle préservation de celles-ci était due à leur meilleure facture. Tandis que les corps étaient simplement ébauchés sur la muraille même en terre recouverte ensuite d'une mince couche de chaux, les têtes qu'on entait après coup sur eux étaient fabriquées à part dans un stuc plus solide, « de sorte qu'elles peuvent seules être emportées ». Aussi quelques-unes avaient-elles trouvé le chemin des Musées de Calcutta et de Lahore ainsi que du British Museum et du Louvre. Sur la foi de ces vestiges épars, nous avions cru devoir signaler l'importance qu'il convenait d'attribuer à cette branche de la plastique gandhârienne ; nous avions même publié plusieurs de ces figurines en insistant sur la verve tantôt caricaturale, tantôt réaliste et tantôt idéalisante qui s'y marque ; et finalement nous avions risqué l'opinion que « le modelage avait survécu au naufrage de la sculpture » (38). Mais tout ceci restait conjecturàl. Il était réservé aux fouilles de Taxila, bientôt complétées par celles de Hadda, de nous révéler dans toute son ampleur la prodigalité en même temps que la virtuosité avec lesquelles l'école avait fait usage de ce procédé. Ce n'est plus par dizaines, mais par centaines que têtes et débris de figurines s'entassent à présent dans les tiroirs du dépôt archéologique de Taxila comme dans les vitrines et les réserves du musée de Kâbul et du Musée Guimet. Les nombreuses reproductions qu'en ont données les Rapports annuels et le Mémoire no 7 du