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0180 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 180 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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346   LES INFLUENCES ARTISTIQUES

que le mode de construction de leurs murs date les chapelles de Jauliân et de Hadda du Ive au ve siècle de notre ère. Il ne serait donc pas a priori absurde d'imaginer que nous avons affaire à une école nouvelle, née des cendres de l'ancienne et qui aurait pris sa suite vers la fin du me siècle.

Ce qui donne quelque consistance à cette théorie — bien qu'à notre avis, elle ne repose que sur une illusion — c'est l'apparente variété des types et aussi l'intense rayonnement de vie qui émane de la plupart de ces têtes de stuc : qualités dont, il faut l'avouer, la sculpture sur pierre est ordinairement dépourvue et qui n'en sont qu'une plus heureuse surprise pour nos yeux. Non seulement ces figures sont de toutes les tailles, mais elles revêtent toute la gamme des physionomies, depuis le beau idéal jusqu'aux masques les plus grimaçants. Toutefois, l'examen auquel nous avons pu soumettre les trouvailles de Jauliân et les premiers spécimens de Hadda (cf. infra, p. 378 s.) nous a vite convaincu que cette apparente diversité se réduit à des variations sur les thèmes déjà fixés dès le Ier siècle de notre ère : Buddhas et moines, Bodhisattvas et laïques de bonne caste, parias et guerriers, démons et spectres de l'armée de Mâra, c'est toujours d'un bout à l'autre de ce clavier, à la vérité fort étendu, que les virtuoses du modelage s'en donnent à coeur joie et prodiguent le jeu décevant de leurs fioritures. En fait, ils se bornent à remettre en scène des personnages connus; et la même observation est vraie de leur matériel décoratif, sempiternelle réédition des pilastres corinthiens ou indo-persans, des arches trilobées, des frontons coupés et des atlantes que les frises de schiste nous ont dès longtemps rendus familiers. Aucune variation brusque, aucune solution de continuité ne se marque entre le répertoire de la sculpture sur pierre et celui de la plastique en stuc. Celle-ci n'est pas seulement l'héritière, elle est la continuatrice directe de celle-là. La seule différence porte sur le choix que, se pliant au goût et aux idées des temps nouveaux, elle a fait entre les sujets et les motifs traditionnels. Polir poser la question sur son vrai terrain, la tâche qu'elle est venue à l'improviste imposer aux archéologues est simplement de démêler comment une autre maîtresse branche s'est peu à peu développée sur le vieux tronc gandhârien.

L'ÉVOLUTION DU MODELAGE. - L'avenir dira si nous nous trompons.: mais voici comment pour l'instant nous entrevoyons les lignes générales de ce processus. Tout d'abord rien n'interdit de croire que dès l'origine — entendez dès l'époque des premières images de pierre —, là où le schiste était rare et où l'on ne pouvait pas laisser le calcaire ou le kanjur apparent, il ait été fait sporadiquement usage du mortier de chaux (chunam) dans la décoration des chapelles et même des stûpa (40). La facilité et le bon marché de ce procédé devaient forcément en répandre l'emploi à mesure que s'appauvrissaient les donateurs et que se raréfiaient les bons artistes. On conçoit même que, sous l'action des mêmes causes, les rûpa-kâra aient été conduits, pour continuer à bénéficier des commandes des fidèles, à abandonner le ciseau pour l'ébauchoir, ce qui aura encore précipité la décadence de la sculpture. Enfin, à partir du me siècle, nous commençons à lire assez clairement sur les monuments subsistants les progrès continus du stuc au détriment du schiste et nous sommes à même d'en noter les étapes les plus saillantes. On sait que l'élément fondamental de la décoration gandhârienne est la frise, divisée en métopes rectangulaires par des pilastres encadrant autant de bas-reliefs; et chacun de ces panneaux racontait de son mieux une légende empruntée à l'une des existences du Buddha : tel est, par exemple, le modèle du stûpa de Sikri, au Musée de Lahore (AgbG., fig. 73). Or, les fouilles du docteur D. B. Spooner à Takht-î-Bahî (A. S. I. Ann. Rep. 1906-7, p. 136-9) et à Sahri-Bahlol (ibid, 1909-1o, p. 48), puis celles de Sir John Marshall à Taxila (ibid., 1914-15, p. 6) ont démontré l'existence de stûpa conçus et décorés exactement sur les mêmes lignes, mais dont les bas-reliefs narratifs sont modelés en mortier de chaux au lieu d'être sculptés sur pierre (cf. Hadda, pl. XL). Il est difficile de ne pas voir dans