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0101 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 101 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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LES DIEUX ARYENS   267

dans la littérature sanskrite. Faut-il en chercher avec lui l'origine dans une coutume asianique ou, si l'on préfère ainsi dire, suméro-dravidienne, et par suite antérieure à l'immigration aryenne ? Ou préférera-t-on y voir l'adaptation aux mœurs indiennes des Sacées introduites à l'époque historique par les envahisseurs nomades ? L'idée serait assurément tentante de relever dans les usages des Hindous actuels au moins une trace du passage des hordes scythes : mais l'universalité de ces explosions printanières de la bestialité humaine rend, sur ce point particulier, toute affirmation impossible (8).

En revanche nous croyons tenir dans un des clichés de la littérature indienne, tant sanskrite que pâlie, un souvenir certain de la forte et fâcheuse impression produite sur l'esprit des indigènes par les conquérants descendus du Nord-Ouest. Ce n'est pas ici le lieu d'y insister longuement : mais quand la Bhagavad- Gitâ, pour ne citer que le texte le plus célèbre, trace le portrait classique. de l'Asura « orgueilleux, colère, assoiffé de jouissance et de puissance, dominé par l'insatiable désir »; quand tel texte bouddhique nous montre l'Asura Vêmacitra entrant botté et casqué chez les rishi ; ou quand la C laine gya-Upanishad nous donne pour une fois un renseignement ethnographique au sujet de ces Asuras qui, non contents de ne penser ici-bas qu'à satisfaire leur corps, le couvrent de parures après la mort « et se figurent par là conquérir l'autre monde », comment ne pas voir qu'au vieux concept indo-iranien de l'Asura est venu se superposer, pour lui donner un contenu concret, la trop familière image du conquérant iranien, avec son arrogance, son avidité et sa brutale absence de manières ? Qui pourrait d'ailleurs s'en étonner ? A-t-on oublié que la ' rédaction des vieilles Upanishads se place justement sur les confins de l'Inde du Nord au temps de la conquête achéménide, et que cette conquête était censée faite par la grâce du grand Asura (Ahura) que Cyrus et Darius invoquent dans toutes leurs inscriptions comme le protecteur attitré de leur maison et de leur empire ? Ainsi s'explique tout naturellement l'évolution, déjà souvent observée, du sens de ce mot fatidique en langage indien. Ces Asuras qui dans de vieux textes védiques sont encore de grands dieux, et dans les brâhmana les rivaux malheureux, mais redoutables, des dieux, tombent petit à petit, au gré des Écritures bouddhiques, d'une classe supérieure à celle des hommes dans une catégorie voisine des spectres et des animaux : tant et si bien qu'au terme de cette déchéance croissante, et à mesure que l'on s'éloigne de la frontière du Nord-Ouest, leur notion devient de plus en plus vague et confuse et paraîtra finalement inutile à retenir dans les traités qui ne comptent plus que cinq gati ou « voies de renaissance » au lieu de six (y). Tout ce processus prouve bien qu'il y a vraiment dans la façon dont l'Inde, dans sa partie occidentale, en est venue à se représenter l'Asura, en attendant que dans sa partie orientale, elle l'oubliât, un élément observé sur le vif, donc historique, ce qui justifie sa place ici. Comme d'habitude le pèlerin chinois Hivantsang est là tout prêt à nous fournir la contre-épreuve : quand il nous rapporte par ouï-dire (car il n'a pas visité leur pays) que les Persans « sont d'un naturel violent et emporté et ne connaissent ni la justice ni les rites », que fait-il autre chose que d'esquisser une fois de plus, sur la foi de ses informateurs indiens, le type traditionnel de l'Asura ?

s. (P. 263). HIUAN-TSANG, trad. J., I, p. 119; B., I, p. 1o9; W., I, p. 214. Pour la monnaie de Pushkarâvatî, v. P. GARDNER, Catalogue, etc., pl. XXIX, 15, et E. J. RAPSON dans Camb. Hist. o/ India, I, p. 557, et pl. VI, Io.—Sur lesShâhis du Gandhâra cf. supra, p. 247, et E. J. RAPSON, Indian Coins, § 115 et pl. V, 6.

2. (P. 264). 11 suffit de renvoyer ici au vol. IV, ch. III. de J. MUIR, Original Sanskrit Texts Y. V. aussi Aug. BARTH, Œuvres, I, p. 145 s.; Ernst ARBMAN, Rudra, Untersuchungen zum altindischen Glauben und Cultus (Upsala, 1922).

  1. (D»). V. l'article de M. R. GOOSENS dans J. A. oct.-déc. 2930, p. 280 S. M. J. FILLIOZAT nous signale des stances analogues dans le Bhdgavata-purdna, IX, xx, 25-27. Rapprocher le sacrifice offert par Xerxès au Strymon (HÉRODOTE, VII, 113) ou par le roi d'Arménie Tiridate III à l'Euphrate (TACITE, Annales, vt, 37). — Cf. Rig-Vida, UI, 33, 9-10.

  2. (P. 265). V. E. J. RAPSON dans Camb. Hist. o/ India, I, p. 555-6. On sait que le type de Zeus assis se retrouve sur les monnaies d'Hermaios, de Manès et de Spalirizès, et