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0106 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 106 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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LES PROPAGANDES RELIGIEUSES

moins pour nous après plus de deux mille ans écoulés. Rien ne sert que dans le cas présent les appellations de Yavana et de Kambôja se soient conservées à travers toute la tradition littéraire de l'Inde jusque dans l'usage des lettrés actuels puisque l'une comme l'autre ont depuis longtemps perdu leur application géographique précise; et c'est là justement ce qui explique à la fois l'impossibilité où nous sommes de les situer en toute assurance et le caractère fantaisiste de leur emploi contemporain : car dans la bouche des pandits du Kaçmîr « Yavana » signifie aussi bien les Persans que les Afghans, et le pandit népâlais de B. H. Hodgson se sert régulièrement de « Kambôja » pour désigner les Tibétains. force nous est donc une fois de plus de chercher ailleurs des clartés complémentaires et il semble bien qu'ici l'archéologie puisse nous en fournir. La manifestation la plus célèbre du zèle religieux d'Açoka, au rapport des Écritures de la secte, aurait consisté dans l'érection de non moins de 84.000 stûpa, dits dharmarâjikâ. Que ces édifices aient été ainsi appelés d'après Açoka le Dharma-râja, ou inversement que ce soit eux qui aient valu à Açoka son titre de « Roi de la Loi », peu importe (5).; : il suffit de retenir combien étaient étroitement associés dans les esprits l'image de ces énormes reliquaires et le souvenir de leur impérial bâtisseur. Mais le caractère massif de ces monuments ne fournissait pas seulement une base solide à cette croyance populaire : il nous permet encore de la vérifier aujourd'hui par l'inspection de leurs ruines. Le nombre de ces dernières qui ont déjà été relevées prouve qu'en effet, à partir de la seconde moitié du IIIe siècle de notre ère, l'Inde a commencé à se couvrir de sanctuaires bouddhiques, si bien que les archéologues inclinent à tenir Açoka pour historiquement responsable, non seulement de la diffusion du bouddhisme, mais encore de celle, allant de pair avec l'autre, du culte du stûpa. Il est permis de supposer qu'à la faveur de l'ordre qu'il faisait régner dans son empire, l'enrichissement des classes moyennes, parmi lesquelles le bouddhisme recrutait le gros de ses adhérents, a puissamment aidé à la multiplication de ces pieux édifices dont, au témoignage des inscriptions, beaucoup s'élevaient par voie de souscription publique. Mais il y a mieux : l'exploration archéologique nous a également renseignés.sur la forme qu'affectait à cette époque ce genre de monuments. Nous savons, tant par l'examen des spécimens les moins délabrés que par celui de leurs représentations sculptées, qu'ils consistaient essentiellement en un dôme hémisphérique plein, couronné d'un pinacle à parasols et monté sur une terrasse ronde servant de déambulatoire et à laquelle on accédait par un ou même quatre escaliers. Ces constructions trapues ne tardèrent pas à prendre, par contraste avec la silhouette beaucoup plus élancée de celles qui leur succédèrent et en dépit des réfections dont elles furent fatalement l'objet, un air archaïque qui sautait aux yeux. On conçoit donc que la tradition à leur sujet, constamment entretenue par leur aspect caractéristiquement vieillot, ait pu se conserver à travers plusieurs siècles; et en recueillant soigneusement ces souvenirs locaux Hivan-tsang a donné une preuve de plus de la sûreté de .son sens historique. Nous ne voudrions certes pas nous porter à l'avance garants de l'authenticité de toutes les attributions qui lui ont été fournies sur place (6) : en ces questions il va sans dire que le dernier mot appartient aux fouilles. Mais l'expérience acquise permet déjà d'ériger en loi générale le fait que tous les stûpa de l'époque des Mauryas et des Çungas étaient de style ancien et que tout stûpa de style ancien était sensiblement antérieur à notre ère.

L'archéologie nous fournit ainsi une sorfe de fil conducteur : il ne reste plus qu'à voir où ce fil va nous conduire. Bien entendu nous ne le prenons en main qu'aux abords du terrain de nos recherches. Mais jusque dans le seule Inde dont l'étude nous incombe ici, à savoir celle du Nord, nous ne tardons pas à constater que notre grand-route est toute jalonnée par des « stûpa d'Açoka ». Déjà « à deux jours de marche » (en fait une cinquantaine de kilomètres) avant d'arriver à Takshaçilâ par le Sud-Est, l'un des « topes » de Mânikyâla, exceptionnellement bien conservé, nous