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0016 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / Page 16 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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I82

LES GRANDES INVASIONS

attestent la décadence, avait été en bonne partie détruite par quelque cataclysme historique, comparable au passage d'un Chengiz-Khân, et dont aucun souvenir ne nous aurait été conservé, si du moins les légendes relatives aux conquêtes assyriennes de Ninus et de Sémiramis vers le début du deuxième millénaire avant notre ère ne contiennent pas, comme nous inclinerions à le penser, quelques parcelles de vérité (ii). Ainsi que cela s'est toujours passé aux temps historiques, c'est sur une poussière d'états, débris et héritiers d'un empire émietté, que de gré ou de force, souvent avec la complicité de certains d'entre eux dont elles s'étaient fait des alliés et non sans luttes intestines entre elles, les tribus aryennes, si morcelées qu'elles fussent elles-mêmes, ont fini par établir une prédominance qui devait s'achever avec le temps en une sorte d'unification ; et l'on en vient de plus en plus à penser que les débuts de ce nouvel ordre politique et social, qu'on se plaisait à faire remonter à des dates fabuleuses, se placent dans la seconde moitié du deuxième millénaire avant Jésus-Christ.

LES ENVAHISSEURS. - Si nous sommes peu renseignés sur les populations envahies, le sommes-nous davantage sur les envahisseurs ? Grâce au magnifique travail d'exégèse auquel ont été soumis les textes védiques, nous avons des livrés entiers sur leur religion, leur mythologie, leur organisation sociale, leurs moeurs et coutumes : mais si sagement équilibrée que paraisse cette reconstruction, honneur de notre vieille philologie, on tremble intérieurement - de penser qu'elle ne repose en définitive que sur des mots, et l'interprétation plus ou moins arbitraire qu'on en a donnée. Exemple : que les Aryens aient pénétré dans l'Inde par la route du Nord-Ouest, c'est une théorie qui est devenue un dogme; or, quelle justification les meilleurs manuels en donnent-ils ? — La mention par le Rig-rida de la plupart des rivières de l'Afghânistân oriental et du Panjâb (12). Il faut avouer que si ce fait linguistique n'avait pas un cadre historique et géographique où s'insérer, il constituerait une base bien frêle pour une affirmation d'une telle portée. Aussi bien est-ce grâce à ce renfort qu'il est définitivement sorti du domaine de la controverse. Là où ces témoignages auxiliaires font défaut, l'incertitude continue à régner et les discussions à faire rage, qu'il s'agisse de l'habitat primitif des Indo-Européens en général ou des Indo-Iraniens en particulier, et des voies qu'ont suivies ces derniers, avant ou après leur séparation, dans leurs migrations à travers l'Eurasie. Sur ces vastes questions notre petit tronçon de route n'a naturellement rien à nous apprendre ; mais le lecteur n'a non plus rien à nous demander : car il suffit pour nous que tous les chemins mènent à Bactres.

C'est là, en effet, que, de toute manière, nous attendons nos immigrants : car l'on n'échappe pas aux lois géographiques. Puisqu'ils nous arrivent du Nord-Ouest, avant de s'engager résolument sur la route ci-dessus décrite à travers les montagnes, ils ont forcément commencé par se heurter à l'Hindûkush. Y sont-ils parvenus par le sud de la mer Noire et de la mer Caspienne, ainsi que les fameuses découvertes de Boghaz-keuï (Pteria) en Cappadoce inviteraient à le croire, ou au contraire sortent-ils directement de la steppe qui règne au nord de ces deux mers ? Dans l'une comme dans l'autre hypothèse, il faut qu'ils se soient, à un moment donné, établis dans le bassin de l'Oxus, que celui-ci représente ou non tout ou partie de l'antique Erân-vêz. S'il nous est difficile de croire qu'ils soient restés en chemin purs de tout croisement, en revanche le nom que se complaisent à leur donner les linguistes implique qu'ils formaient encore un groupe indifférencié : car, à proprement parler, la désignation d'Indo-Iraniens ne leur est applicable qu'au temps où ils n'étaient encore ni Indiens ni Iraniens. De toute évidence, les tribus qui passèrent les montagnes et vinrent s'établir dans le bassin de l'Indus sont celles qui sont devenues indiennes; celles qui poursuivirent leur évolution dans le bassin de l'Oxus et sur le revers occidental du massif