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0143 Cinq Cents Contes et Apologues : vol.4
Cinq Cents Contes et Apologues : vol.4 / Page 143 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000294
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LIEOU TOU TSI KING (N° 58).   123

chasseurs et se cachait incessamment. En ce temps, les animaux pouvaient converser entre eux; or il y eut un corbeau qui vint à l'endroit oû était le roi-cerf et qui conçut pour lui des sentiments d'affection. Il lui tint ce langage : «Mon oncle, pourquoi mangez-vous des herbes en étant craintif?» Le roi-cerf couleur d'or lui répondit : «Je suis beau; je redoute que, si les chasseurs me voient, ils ne me tuent; voilà pourquoi, lorsque je mange des herbes, mon coeur est toujours plein de crainte. » Le corbeau lui répondit alors : «Moi aussi, pendant la nuit, je crains le hibou : que moi et vous, ô mon oncle, à partir de maintenant, nous nous protégions l'un l'autre; pendant le jour, je me percherai sur un arbre élevé et j'observerai ce qui arrive de bon ou de mauvais; s'il se produit quelque chose, je vous en avertirai; mais, pendant la nuit, c'est vous qui devrez observer si quelque chose se produit et m'avertir.»

Dans le royaume, il y avait un grand fleuve qui se trouvait au bord d'une forêt; or, deux hommes qui avaient une querelle ancienne se rencontrèrent soudain (dans la forêt; l'un d'eux, qui était plus fort, chargea de liens son ennemi et le jeta dans le fleuve; le courant était violent et l'homme allait à la dérive et se noyait; il cria alors : «Si quelqu'un peut me secourir et me prendre, je serai son esclave.» Cependant le roi-cerf était venu avec cinq cents de ses parents au bord du fleuve pour y boire; quand il entendit ces cris, il en conçut de la compassion et il entra dans l'eau pour sauver l'homme qui se noyait. Le corbeau vint alors auprès de lui et lui dit : «Cet animal à tète noire n'a aucun sentiment de bienfaisance et de justice; il ne faut pas le sauver : s'il parvient à être sauvé du péril, certainement, ô roi-cerf, il vous perdra. » Mais le roi-cerf, â cause de ses sentiments de compassion, ne suivit pas les avis du corbeau : il alla auprès de l'homme qui se noyait, le prit sur son dos et le fit sortir du fleuve; quand il fut arrivé sur le rivage, il détacha avec sa bouche les liens qui l'enserraient, puis il attendit qu'il eût repris ses sens et lui dit : « Apprenez que voici le chemin pour retourner chez vous, il vous faut partir sain et sauf.» Alors l'homme qui avait