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0022 Mémoires Concernant l'Asie Orientale : vol.3
Mémoires Concernant l'Asie Orientale : vol.3 / Page 22 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000249
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A

6   LES REPRÉSENTATIONS DE JATAKA

face du médaillon reproduit pour la commodité du lecteur sur notre pl. I, f , n'est pas en effet, ainsi que le proposait avec hésitation M. d'Oldenbourg, le Samdhibheda jätaka (no 349 du recueil pâli), mais le conte n° 377 de la collection de M. Ed.. Chavannes. Comme le dit ce dernier, « il est évident que

le sculpteur a voulu en réalité représenter l'histoire du boeuf qui, enlisé dans un étang de lotus, se défend contre le loup en le prenant avec un noeud coulant. Nous voyons donc figuré le boeuf, à moitié enfoncé dans la vase; devant lui se tient le loup qui veut le dévorer : mais il est saisi par la corde vengeresse et nous le revoyons pendu par la patte... ». Le médaillon nous montre que le piège consistait dans un lasso fixé à un bambou courbé, lequel s'est subitement détendu comme un ressort. Ce détail prouve que la version indienne visée par le sculpteur était sensiblement différente des textes chinois et tibétain I, où la corde s'enroule autour du cou de la bête féroce et n'est rattachée par l'autre extrémité qu'à la corne du boeuf. Si nous ajoutons qu'en Chine l'agresseur s'est transformé de chacal en loup, on jugera tout ce que le conte a perdu en route de sa saveur locale.

Une autre identification, déjà proposée par Cunningham, mais écartée comme suspecte par M. d'Oldenbourg, est celle qui voyait sur un fragment de balustrade également reproduit ici (pl. I, 5) le Dasaratha jätaka (n° 461). M. E. Hultzsch2 a démontré depuis que le bas-relief n'avait rien de commun avec le Râmäyana, mais représente simplement le début du Mahuibodhijataka (n° 528). .Un ascète qui demeure depuis douze ans dans le parc du roi de Bénarès a été calomnié auprès de ce dernier, et le roi vient de confier à sa femme, représentée debout à ses côtés dans la partie gauche du bas-relief, son intention de faire périr son hôte. Mais le chien du palais a entendu la, confidence, et c'est pourquoi, accroupi au centre sur son train de derrière, il montre pour la première fois les dents a l'ascète. Cet accueil insolite suffit à faire deviner à ce dernier sa disgrâce et le danger qu'il court : aussi se montre-t-il déjà sur la droite en grand costume de voyage. Ainsi que le mentionne expressément le texte, il porte sur lui tout son équipement de religieux, dans sa main droite son parasol et ses sandales, sur son bras gauche sa peau d'antilope noire, dans sa main gauche le « triple bâton » (tri-danda), auquel est suspendue dans un filet une petite cruche. Ce fais-

1. ED. CIIAVANNES, Cinq cents Contes et Apologues extraits du Tripitaka chinois et traduits en français, t. I, p. xi, et t. II, pp. 375-377. Le même conte a été traduit du tibétain par A. vos SCHIEFNER (cf. Tibetan Tales, trad. RALSTON, pp.339-340.)

2. E. HuLTZSCH, Jdtakas at ßharaut, dans J. H. A. 5., 4912, p. 398 et suiv. — Bien entendu il ne faut tenir compte, pour expliquer le bas-relief, que des stances, seule partie vraiment ancienne du jdtaka : toute la scène tient dans les trois premières.