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0038 Mémoires Concernant l'Asie Orientale : vol.3
Mémoires Concernant l'Asie Orientale : vol.3 / Page 38 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000249
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22   LES REPRÉSENTATIONS DE JÂTAKA

ture de la Licorne. Or c'est cette dernière forme que Hivan-tsang a trouvée localisée au Gandhâra et que nous avions lieu de nous attendre à voir enfin sortir des fouilles. Cette bonne fortune a même paru un instant être échue à Sir Aurel Stein, au cours de la saison 1911-1912. Il avait en effet exhumé d'un des tumuli voisins de Sahri-Bahlol une 'statuette d'homme accroupi, couvert d'une ample draperie, mais ne portant aucun bijou, et dont la face, malheureusement très mutilée, ne devait pas être sans analogie avec celle d'un Jupiter tonnant. Or, sous l'aisselle gauche et sur la poitrine de ce personnage subsistaient deux mains de femme : la tentation était irrésistible d'y voir l'image du rishi Ekaçriliga, représenté au moment où il laissait monter sur ses épaules la courtisane. Quand on s'aperçut au Musée de Peshawar qu'une statuette de femme venait justement s'ajuster avec la première — reconstituant ainsi un groupe dont l'amitié de Sir Aurel Stein nous permet de publier la première reproduction (fig. 3) — il sembla que la démonstration fût péremptoirement achevée. Fragilité des identifications ! La trouvaille qui semblait le mieux faite pour confirmer celle-ci n'a servi qu'à la détruire. Le morceau rapporté nous rendait en effet, outre la propriétaire des mains brisées, les restes de la dextre du personnage masculin : or, ces débris tenaient encore, au lieu du vase à eau (kamandalu), qui eût été l'attribut naturel de l'anachorète brahmanique, une moitié de foudre (vajra), ce qui nous jetait sur une tout autre piste'... La voie de l'archéologie gréco-bouddhique est bordée de ces déceptions.

C'est à la première forme de la légende, apparemment la plus ancienne, que nous renvoie en toute assurance le bas-relief de Calcutta qu'a bien voulu nous communiquer M. J.-Ph. Vogel (pl. IV, 3). I1 représente sans ambages le même épisode qui est également figuré sur le bord inférieur du médaillon de Barhut (pl. II, 3) : l'antilope est en train de boire le semen vi-

4. Cf. A. S. 1., Ann. Rep. 1911-1912, pl. XLVIII, fig: 34, et p. 113-114. M. H. IIARGREAVES avait déjà fait observer avec raison (ibid., p. 414, n. 1), que le personnage masculin ne présente pas le type ordinaire du rishi (cf. nos pl. I, 5, 6; 11, 3-4, 6; IV, 3) et qu'il semble plutôt chercher qu'offrir un point d'appui. Dans les règles ordinaires de l'école, ce porteur de foudre ne saurait être ni Indra, ni même (comme on pourrait être tenté de le croire) le rival de ce dernier, Màndhàtar, au moment où il est précipité du ciel (cf. B. E. P. E.-O., IX, 1909, pp. 49-22): car tous deux porteraient les parures royales. Il rdste donc que ce soit Vajrapàni : et, en effet, à ce dernier conviennent bien le type de Zeus ou d'Iié

raklès, l'absence de bijoux et même — si seulement on replace par la pensée ces fragments dans le coin gauche d'une grande composition figurant la Mort du Buddha— sa pose gisante et accablée et le geste classique de la douleur qu'il fait de la main gauche (cf. Art gréco-boudd. du Candit., I, fig. 276-280 et p. 564). En revanche la pr.sence d'une femme dans la scène du Pari-uirvdna et aux côtés de Vajrapànt devient à ce point insolite qu'avant de croire à notre propre hypothèse nous jugeons prudent d'attendre des documents nouveaux.- D'autre part M. A. CRIN \EDEL signale bien la légende d'Ekaçriitga en Asie centrale (Altbuddh.Kullst. in Chin. Turkistan, p. 59, n° 18), mais il n'en donne pas de reproduction.

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