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Mémoires Concernant l'Asie Orientale : vol.3 |
DANS L'ÉCOLE DE PAGAN 33
le témoignage de nos yeux. Qu'on rapproche, par exemple, de notre planche IV, 7, l'un des bas-reliefs du Mangala-Cetiya publiés par M. Ch. Duroiselle, où figurent justement le même héros et le même arbre (pl. IV, 8).. Mais la ressemblance est particulièrement frappante avec l'un des dessins de M. A: Grünwedel (cf. fig. 5 b). D'un côté comme de l'autre on aperçoit un personnage accroupi dans sa maison et en conversation avec deux autres
personnages pareils, ceux-ci agenouillés, et que sépare ici un arbre, là un parasol. Il est visible que tout est traité, jusque dans le dernier détail, selon
les mêmes formules stéréotypées. I1 est non moins évident qu'une représentation aussi schématique demeurerait une énigme insoluble pour le spectateur. En fait, nous constatons qu'elle sert à représenter indifféremment
des renaissances différentes. Quant savoir lesquelles, les inscriptions
sont là pour nous le révéler. Elles se lisent respectivement :
[Pl. IV, 7] Hatthipala jat. Rasiy. 509.
[Fig. 5 b] Allahärnaingala jat. Rasiy. 453.
[Pl. IV, 8] BandhAnfiIcära jat. Phurhalon rasiy. 201.
Les deux premiers jâtaka n'ont en somme qu'un trait commun entre eux et, à plus forte raison, avec le troisième : le Bodhisattva (Phurhfiloli) était alors un rishi, ou comme nous dirions, un saint anachorète.
Cette indication vaut la peine de nous arrêter un instant. Elle nous don ne en effet l'explication de la bizarre coiffure commune à nos personnages
masculins. Tous portent un double chignon relevé on forme de cornes de
chaque côté de la tête. Nous ne nous rappelons pas d'avoir aperçu dans l'art indien, où le type de l'anachorète brahmanique est fréquemment figuré,
aucun arrangement analogue de la chevelure. Il semble toutefois que cette
mode n'ait pas été ignorée de l'Inde ancienne et que le souvenir s'en soit conservé, au moins dans le langage. Nous faisons allusion au nom, bien connu
de la vieille littérature, du rishi « Cornes-d'Antilope noire » (Riçya° cru
Rishya-çringa, pâli Isisiliga), que le commentaire du .hitaka explique encore en disant : « Sur son front se dressaient deux chignons en forme de cornes
d'antilope, et c'est pourquoi il était ainsi appelé1. » On ne saurait imaginer interprétation plus rationnelle de cette dénomination, ni, du même coup, de la coutume reflétée par nos sculptures. Toutefois, ne l'oublions pas, il resterait à justifier l'étrange survivance dans l'art moderne de la Birmanie
I. Alambusa jdtaka, n' 3Z3 ; éd. F,3/4u3u0LL, V, p.153,1.14-13: Isisingan li tassa kira matthake migasingdkdreira due cüld uttahimsu, tasmd evam vuccati. Il rie se trouvera sans doute personne pour préférer
ASIE ORIENTALE. - ill.
à cette explication la fable populaire qui se trouve côte à côte dans le même texte et recourt à l'expédient de faire naître lsisiôga d'une antilope (cf. ci-dessus, p. 23).
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