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0040 Mémoires Concernant l'Asie Orientale : vol.3
Mémoires Concernant l'Asie Orientale : vol.3 / Page 40 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000249
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24   LES REPRÉSENTATIONS DE JATAKA

4 a) nous voyons arriver, en partie de chasse, un roi à cheval, l'arc suspendu à l'épaule. Aucune escorte ne l'accompagne, et, dissimulé derrière un arbre, il assiste aux ébats d'un couple deux fois répété et que nous revoyons encore sur la planche IV, 5 b. Sans défiance, l'homme ne songe, ici comme là, qu'à toucher de la harpe, avec ou sans plectre, tandis que sa compagne prend au son de sa musique les poses plastiques dont la succession répond à la conception indienne de la danse. Mais déjà, sur la gauche de la planche IV, :i, le roi est embusqué derrière un rocher, l'arc tendu (a). Les amateurs d'antiquités, non contents d'étudier le mode de fabrication de la harpe, remarqueront encore la forme particulière de cet arc à double courbure renflée, ainsi que le lourd carquois, apparemment fait d'un double bambou, qui pend au côté du chasseur. Intervient un arbre, et la scène change (c). Frappé à mort, le musicien a laissé échapper son instrument et est étendu tout de son long, fort gauchement d'ailleurs, le nez par terre. Son épouse, accroupie près de son cadavre, se lamente sans prendre garde au roi qui, son arc dans la main gauche, lui pose la main droite sur le bras comme pour l'entraîner. Mais bientôt (d), redressée, elle rejette avec indignation les propositions du meurtrier qui veut en faire sa reine... La cassure de la pierre nous empêche (l'être témoins de la résurrection de la victime : mais déjà il est hors de doute que ces débris de frise représentent, comme l'a bien vu M. J.-Ph. Vogel, l'aventure narrée par le t;anda-kinnara jdtaka (n° +8 du recueil pâli).

Le renseignement le plus intéressant que puissent nous fournir ces scènes pittoresques ou dramatiques, concerne évidemment l'image qu'on se faisait de ces mystérieux génies de la forêt. Leur nom seul (kim-nara) nous avertit qu'ils n'étaient hommes qu'à demi. Sur la planche IV, 4 et 5, ils le sont pourtant des pieds à la tête : et c'est évidemment la façon la plus naturelle de justifier la passion qui, à la vue de la Kinnari, s'allume dans le coeur du roi de Bénarès et le pousse à ce crime dont il ne devait pas recueillir le fruit. Mais il est non moins certain que l'iconographie bouddhique postérieure leur prête régulièrement un buste humain avec des ailes et des pattes d'oiseau. Tel est, par exemple, le cas du BoroBoudour 1 : et, ajoutons-le en passant, sur les deux bas-reliefs contigus qui leur sont consacrés et où tout se passe aux écoutes ou en conversations,

des modes de génération exceptionnels (éd. TRENCKNER, pp. 123-130 ; traduit dans E. W INwsce, Buddha's Geburt, pp. 20-27).

1. Cf. B. E. P.E.-0., IX,1909, pp. 33-33 et fig. 21.

— Sur ce point particulier il n'y a malheureusement rien de certain à tirer du croquis publié plus haut (fig. I) d'un fragment inscrit de Barhut, ni du texte de CUNNINGHAM (loc. laud., p. 69).