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0051 Mémoires Concernant l'Asie Orientale : vol.3
Mémoires Concernant l'Asie Orientale : vol.3 / Page 51 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000249
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DANS L'ÉCOLE DE PAGAN   35

à s'assurer qu'il n'abdiquera pas le trône presque aussitôt qu'il y sera monté, ce qui jetterait le trouble parmi le peuple. Dans le but de l'éprouver, ils se présentent à lui déguisés en rishi de l'Himavat. Leur aspect emplit d'aise le jeune homme, et c'est en vain que son père et son roi lui avouent leur stratagème et insistent pour qu'il accepte la royauté. Son parti de renoncer au monde est déjà pris, ce qui se conçoit d'autant mieux qu'il est le Prédestiné en personne. La même scène se reproduit d'ailleurs pour chacun de ses trois frères, qui seront plus tard les trois grands disciples, et la contagion du renoncement s'étend au ministre, au roi, à leurs familles, enfin à tout le peuple de Bénarès et des pays circonvoisins. Mais l'artiste, ni nous, n'avons que faire de tous ces pieux radotages, et voilà déjà plus d'histoires qu'il n'est loisible, à lui d'en représenter, ni à nous d'en attendre.

Éclairés par cette lecture, nous comprenons du moins le peu qu'il lui a été possible d'en retenir. Nous reconnaissons à présent le roi et le ministre de Bénarès sous le déguisement des deux anachorètes qui sont venus trouver Flatthipâla, et nous n'ignorons plus de quoi ils le supplient à deux genoux et les mains jointes. Pour notre plus grande édification, le Bodhisattva a d'avance revêtu l'aspect du rishi qu'il ne deviendra qu'à la suite de cette entrevue. L'arbre qui s'élève entre les deux personnages agenouillés veut-il rappeler celui dont la divinité a joué un rôle décisif dans la descente de Hatthipâla sur la terre? On pourrait être tenté de le soutenir sous prétexte qu'il ne peut être question ici de lui faire figurer un ermitage; mais un peu de familiarité avec les oeuvres de ces médiocres imagiers a tôt fait de démontrer qu'il serait vain de chercher des intentions derrière les caprices ou les oublis de leur facture machinale'. Tout au plus vaut-il la peine de noter que les postures agenouillées ou accroupies des personnages s'ajoutent aux coins relevés du toit à double pente pour souligner le caractère indo-chinois du morceau. Par ailleurs il est assez clair que son auteur ne possède dans son répertoire que des modèles conventionnels d'arbres ou de maisons et un unique type d'ascètes, auquel il ne sait prêter que des gestes stéréo-t ypés 2. Le seul compliment qu'en l'occurrence on puisse lui faire, c'est d'avoir

1. C'est ainsi que sur la fig. 5 b, où la forêt himfilayenneserait de mise, nous n'apercevons aucun arbre, mais seulement un parasol. Ce parasol, dont la fonction serait de désigner le Bodhisattva en planant au-dessus de sa tête, est d'ailleurs toujours placé au petit bonheur (cf. pl. IV, 8). Remarquez d'autre part que l'arbre du conte est un figuier des banyans et non une sorte de palmier, comme sur la

planche 1V,,7, et que ce méme palmier représente la djangle de l'Himâlaya sur la pl. IV, 8.

2. I1 va sans dire que ces constatations seraient confirmées par l'examen des figures 5 a et b et des autres reproductions publiées. Comparez sur ce point les observations d'ensemble de MM. A. GRONWEDEL (Glasuren von Pagan, pp.3-4) et Ch . DvaosSELLE (A. S. I., Ann. Rep. 1912-1913, p. 92).