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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0016 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 16 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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6   INTRODUCTION

bien difficile à quiconque y a passé d'admettre que le kotal insignifiant, et facile à tourner par le Sud, qui traverse actuellement, à une cinquantaine de kilomètres dans l'Est de Téhérân, la pointe d'un contrefort méridional de l'Elburz, représente un défilé si fameux dans l'histoire, d'autant que son nom semble demander un passage débouchant au nord de la chaîne sur les bords de la grande mer intérieure (5). Toutefois, selon Isidore de Charax, la grand-route continuait à l'Est, dans la direction d'Hécatompyle, la vieille capitale parthe que, d'ailleurs, il ne nomme pas et dont on recherche le site près de Dâmghân. C'est ce que fait encore aujourd'hui la route de Meshhed et d'Hérât. Après Shâhrûd commençaient ce qu'on appelait, il n'y a pas si longtemps, les quatre « étapes de la terreur » : elles devaient ce nom aux raids foudroyants que les Turcomans de la steppe, prenant avantage de la trouée qui s'ouvre à cet endroit dans l'Elburz, exécutaient sur les caravanes de pèlerins et de marchands qu'ils dépouillaient et emmenaient en esclavage. Il se peut qu'avant le brigandage le commerce ait aussi utilisé ce passage et que la grand-route en soit venue à le préférer aux défilés plus ardus qui, deux cents kilomètres plus à l'Ouest, côtoyaient sur son versant oriental le magnifique pic du Demâvend. Ce qui est certain c'est qu'à un moment donné, un peu plus tôt ou un peu plus tard, elle traversait la montagne pour entrer en Hyrcanie, c'est-à-dire dans le bassin du Gurgân, tributaire de la Caspienne. Dès lors, la plaine s'ouvrait à nouveau devant elle; mais derechef confrontée par un désert, celui du Sable Noir (Qarâ-Qûm), elle s'infléchissait forcément vers l'Est pour passer de l'oasis d'Askabâd à celles de Têjên et de Mery (Margiane) et enfin de celle-ci aux fertiles campagnes où fut Bactres.

Pourquoi ce dernier nom est-il resté fameux jusqu'à nos jours dans la mémoire des hommes ? C'est qu'il désigne un lieu situé à l'un des principaux carrefours de l'ancien monde — juste aux abords des quatre grandes régions indienne, iranienne, scythique et chinoise — et où, grâce à l'étonnante épaisseur de l'humus, la vie était facile pour les hommes et le fourrage abondant pour les animaux. On comprend dès lors que des caravanes venues des quatre coins de l'horizon se soient peu à peu entendues pour y rompre charge et procéder à l'échange de leurs marchandises. Il n'y a guère, en effet, de caravane « au long cours » : la plupart se bornent à faire et refaire constamment, aller et retour, et sans trop s'éloigner de leur pays d'origine, le même trajet relativement restreint, en suivant toujours le même chemin ; et bien mal venu serait celui qui prétendrait modifier si peu que ce soit leur itinéraire. C'est ainsi qu'aujourd'hui encore elles font la navette entre Peshawar ou Kabul, d'une part, et de l'autre, Mazar-é-Sharîf, lequel a supplanté Bactres dans son rôle d'entrepôt commercial (6) ; et bien qu'ils soient pour la plupart Peshâwarîs ou Kabulîs, c'est à Mazar que les caravaniers prolongent plus volontiers leur séjour afin de s'y refaire économiquement, eux et leurs bêtes, par de libérales rations, qui de /ilâo, qui de luzerne (7). De tout temps il en fut de même; et qu'ils vinssent de la Perse ou de la Scythie, de la Sérique ou de l'Inde, c'était tout à loisir que les marchands de jadis trafiquaient dans les caravanséraïs de Bactres. Mais du même coup ceci nous éclaire sur le véritable caractère de cette antique cité. Si riche qu'elle ait pu être, il serait vain d'y voir la capitale d'un état de vieille civilisation, avec les durables monuments que cette définition comporte. Sise à la limite des sociétés sédentaires et des tribus nomades, siège au printemps d'une foire grouillante, elle n'a jamais été, au temps de sa plus grande splendeur, que le chef-lieu d'une marche-frontière, moins une ville qu'un vaste bâzâr, bref quelque chose comme un Nijni-Novogorod asiatique. Il faudra nous en souvenir quand nous chercherons en vain, sur son site encore incomplètement déserté, les restes d'architectures qui marquent ceux de Palmyre, de Ctésiphon ou de Persépolis.

Quoi qu'il plaise d'en penser, Bactres n'en a pas moins été longtemps un grand marché international et nous aurons bientôt à revenir aussi sur ce point (infra, p. 15). Nous avons déjà